En Côte d’Ivoire, l’opposante Simone Ehivet Gbagbo a publié un livre, Du sous-sol de la République à la restauration, dans lequel elle livre son témoignage de la crise post-électorale de 2011 et de ses sept années d’incarcération. Amnistiée de sa condamnation à vingt ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État en 2018, Simone Ehivet Gbagbo, s’est depuis lancée dans l’arène politique, avec un nouveau parti : le Mouvement des générations capables, créé le 20 août 2022.
RFI : Simone Ehivet Gbagbo, vous avez lancé votre parti politique, le Mouvement des générations capables. C’est un parti qui est tout jeune. Est-ce qu’il est prêt pour les élections municipales et régionales du 2 septembre 2023 ?
Simone Ehivet Gbagbo : Le parti est tout jeune, comme vous le dites. Mais dès le départ, on a décidé qu’on allait s’organiser pour être présents à toutes les élections.
Présents à toutes les élections, mais est-ce que là, dans le cas concret du 2 septembre, votre parti parviendra à présenter 31 candidats pour les régionales, 201 candidats pour toutes les communes ?
Je ne pense pas qu’on présentera 31 pour les régionales, 201 pour toutes les communes, je ne crois pas. Nous aurons sûrement des alliances avec d’autres partis qui existent.
Vous serez à Bouaké prochainement pour la fête des libertés. Il y a quelques semaines, Laurent Gbagbo organisait de son côté la fête de la renaissance. Le 8 mai prochain, Pascal Affi N’Guessan va lui aussi organiser un rassemblement de ce type. Qu’est-ce que vous répondez à tous ces détracteurs qui se disent que finalement, on observe concrètement un émiettement de l’idéologie d’appartenance de gauche ?
Tous les partis aujourd’hui sont confrontés à ces questions-là, qu’ils soient à gauche ou qu’ils soient à droite. Maintenant, à gauche, effectivement, nous avons eu un éclatement, et aujourd’hui, ce qu’il y a à faire, c’est rediscuter, pour qu’au moins au niveau des élections qui arrivent, voir un petit peu où sont les localités où on peut ensemble organiser une entité cohérente qui peut convaincre des électeurs. Et puis, ça va nous permettre au moins de sauver quelque chose, sinon c’est sûr que cet éclatement de la gauche est une faiblesse, ça, on en est tous conscients.
Charles Blé Goudé est rentré en Côte d’Ivoire le 26 novembre dernier. Est-ce que cela suffit en matière de réconciliation nationale ?
C’est bon que Charles Blé Goudé ait pu revenir en Côte d’Ivoire. Tout comme c’est bon que le président Gbagbo ait pu revenir en Côte d’Ivoire. Mais moi, je continue de plaider pour qu’il y ait une véritable amnistie de cette crise. De sorte que nous avons encore aujourd’hui les militaires qui sont exclus de tous les débats de réconciliation que nous connaissons, et ils sont en prison encore aujourd’hui.
Oui, mais lorsqu’on parle d’amnistie de la crise, qu’est-ce que vous entendez par là ? Est-ce que ça ne va pas alimenter des frustrations auprès des gens qui recherchent une justice, qui ont été victimes de la crise ?
Ce n’est pas la même chose. Vous voyez, les premières attaques de la rébellion en Côte d’Ivoire, c’était en 2002. On a amnistié la rébellion. On a amnistié les attaques. Ce qui reste dans ce cas-là, ce sont des actions comme les crimes, les vols, les pillages. À ce moment-là, ceux-là sont l’objet de traitements par l’organe judiciaire. Le fait politique des attaques, si vous n’amnistiez pas ceux-là, vous ne pouvez démarrer aucune discussion pour régler les problèmes sur le fond.
Pour parler concret, ça veut dire que pour vous ça ne vous choquerait pas s’il y avait une loi d’amnistie à l’endroit de Charles Blé Goudé, à l’endroit de Guillaume Soro, ou à l’endroit de Laurent Gbagbo ?
Forcément, comme ça tout le monde est mis sur un même pied d’égalité. Au contraire, moi je le réclame même.
Bineta Diagne RFI