Dans la fin de cette interview réalisée le vendredi 26 juillet dernier à Abidjan, Mme Bitty Marie Josèphe, Directrice de la Direction des Établissements Privés et de Professions Sanitaires (DEPPS) a communiqué les différentes plateformes digitales mises en place, dans le cadre de l’opération « Zéro clinique illégale d’ici 2025 en Côte d’Ivoire ». Au passage, elle a annoncé de grandes mesures en vue pour promouvoir au mieux le secteur sanitaire privé en Côte d’Ivoire.
Mme la Directrice, conscient des enjeux de l’opération « Zéro clinique illégale d’ici 2025 en Côte d’Ivoire », le secteur sanitaire privé s’organise pour travailler avec vous. Vos attentes vis-à-vis de ce secteur.
Le secteur privé représente 40% du secteur de la santé de façon générale en Côte d’Ivoire. Il est déjà organisé car toutes les décisions que nous prenons notamment du point de vue réglementaire (conception d’un document de politique, de stratégies de développement et d’intégration du secteur privé) se font en étroite collaboration avec le secteur sanitaire privé conventionnel et leurs organisations en Côte d’Ivoire.
Je pense que ceux qui sont au coeur de votre préoccupation sont les organisations du secteur privé informel.
C’est une bonne chose qu’ils se soient organisés en association car cela nous permettra de les connaître. Déjà nous avons commencé une opération d’identification et donc de leur recensement. Cela nous permet de les géolocaliser, de connaître leur personnel, leur condition de travail, le type de soins administrés aux populations et ce qu’ils peuvent apporter au système de santé en Côte d’Ivoire.
« Le secteur privé représente 40% du taux de couverture sanitaire en Côte d’Ivoire »
Bien-sûr que ces établissements font l’objet de fermeture lors de cette opération. Le véritable problème avec eux est le fait qu’en plus d’être informels, ils utilisent des personnels non qualifiés et leurs structures ne répondent pas aux conditions d’hygiène et aux bonnes pratiques. Tous ces éléments sont des éléments négatifs que nous ne ménagerons aucun effort pour traiter avec grande minutie. Mais leur proximité d’avec les populations est l’aspect positif de leur présence. Une proximité que nous devons capitaliser pour fournir des soins de qualité aux populations. La préoccupation majeure de l’État est de faire en sorte que la présence de ces établissements soit utile au système de santé en Côte d’Ivoire pour le bien-être des populations. Par exemple, ils pourraient se spécialiser dans la promotion de la santé, des soins de base. Dès lors, il nous devient indispensable de les former afin de les rendre plus opérationnel dans l’exercice de leurs fonctions afin d’éviter qu’ils soient plus évasifs.
Mme la Directrice, un zoom sur vos stratégies mises en place pour réussir davantage cette opération en Côte d’Ivoire. Avez-vous des plateformes de communications facilement accessibles ?
Bien-sûr que la réussite de cette opération nous tient à cœur. Et c’est pourquoi nous avons mis en place des plateformes de communications. Nous avons un observatoire digital qui a pour objectif de recueillir les plaintes qui se font sur les réseaux sociaux ou directement par le ministère à travers le numéro vert 143. Nous tenons donc la DEPPS en éveil vis-à-vis des plaintes des populations que nous vérifions par la suite. Ainsi nous avons le site Internet (www.depps.sante.gouv.ci), sur WhatsApp nous avons 00 225 0575 4557 57, nous avons aussi un compte unique pour Facebook, Twitter et Instagram (alerteinfocliniqueci)
Mme, que doivent faire les promoteurs pour formaliser leurs établissements sanitaires privés en Côte d’Ivoire ?
Au niveau de la DEPPS, nous avons mis en place un guichet des agréments des entreprises sanitaires privées. Il a un rôle de communication interactive, d’enregistrement des établissements et des professionnels. Cette porte d’entrée est à la fois physique (Permanence à la DEPPS) et numérique à travers toutes les plateformes ci-dessus.
Merci Mme la Directrice. Parlant de vos perspectives à court moyen et long terme, vu la très forte demande des populations relative à la couverture maladie universelle, quel rôle pourrait jouer le secteur privé de la santé en Côte d’Ivoire ?
Oui, c’est vraiment une excellente question. Le secteur privé sanitaire sera utile. Il faut dire que nous sommes en train de faire en sorte que le secteur sanitaire privé soit intégré dans la couverture maladie universelle. Certains établissements sanitaires privés confessionnels sont déjà intégrés dans la couverture maladie universelle. Nous progressons pour faire en sorte que tous les établissements sanitaires privés dans leur entièreté répondent aux attentes des populations qui les fréquentent. C’est une question d’équité, c’est une question de solidarité d’inclure la CMU dans leurs prestations. Je conclus pour dire que c’est une volonté du Gouvernement que nous sommes en train de mettre en œuvre.
Mme la Directrice de la DEPPS, au-delà de ces quelques aspects soulignés ci-dessus, prière nous dérouler le long chapelet de vos perspectives au travers l’opération « Zéro clinique illégale d’ici 2025 en Côte d’Ivoire ».
Effectivement, nous avons beaucoup de choses à faire. La première est la mise en place d’une réforme administrative du secteur de la santé privée en Côte d’Ivoire qui est en marche même si tous les textes devant nous accompagner ou nous guider ne sont pas encore disponibles. Toutefois, force est de savoir tout de même que la régularisation est une mesure intermédiaire très capitale de cette réforme. Donc nos perspectives visent à la mise en œuvre d’une réforme administrative complète.
« Bientôt, des enseignes permettront d’identifier les établissements sanitaires privés en Côte d’Ivoire comme c’est le cas pour les pharmacies »
Et dans le cadre de cette réforme administrative, nous avons en second lieu une vision matérialisée par des documents de politique et de stratégies d’intégration et de réintégration du secteur privé de la santé dans le système de santé ivoirien. Dans ce document de stratégies, il y a plusieurs options : faire en sorte que la Côte d’Ivoire permette un développement de l’économie de la santé dans les Pôles Régionaux d’Excellence Sanitaire (PRES), permettre la visibilité et la performance du secteur privé de la santé, favoriser des financements au profit du secteur privé de la santé pour qu’il puisse renouveler leurs matériels de travail et rester à la pointe du modernisme. En clair, nous avons l’aspect réglementation, l’aspect financement, l’aspect intégration et réintégration des établissements sanitaires privés afin de les rendre plus efficaces tout comme le secteur public. Je prends les exemples des mesures prises par rapport à l’accouchement , au paludisme, les mesures par rapport à la résilience de la COVID. L’intégration du secteur privé de la santé lui permettra de bénéficier du financement basé sur la performance. D’ailleurs en matière de promotion du secteur privé, nous œuvrons pour mettre en place un moyen de visibilité des établissements sanitaires privés légaux en Côte d’Ivoire. Il sera question à ce stade de l’institutionnalisation des enseignes comme c’est le cas pour les pharmacies afin d’identifier les établissements sanitaires privés en règle. Et c’est à ce niveau que nous voudrions vraiment compter sur les populations pour nous aider dans la mise en œuvre de ce vaste projet salutaire mis en place par l’État.
Un message aux acteurs privés de la santé en Côte d’Ivoire.
Je ne peux que demander aux promoteurs de formaliser leurs établissements sanitaires privés et d’assainir ce secteur. Je dis promoteur parce-que les autorisations sont délivrées aux établissements et non à un titulaire comme c’était le cas dans les années 1996. Les choses ont changé pour booster l’économie de la santé et le financement des établissements de santé. Les autorisations délivrées par le ministère de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle précise le responsable médical des actes posés, un responsable reconnu par sa corporation. Un responsable qui est entièrement au privé et qui exercice dans l’établissement concerné. C’est lui qui coordonnera toutes les actions dans cet établissement. C’est une question de responsabilité et c’est très capital à nos yeux. Ces autorisations permettent aussi de connaître le promoteur des établissements sanitaires qui peut être une personne physique ou morale.
Mme la Directrice de la DEPPS, au terme de cet entretien, un message à tous vos partenaires, à vos collaborateurs et aux populations.
Ce sont des mots de remerciements de façon générale. D’abord mes remerciements sincères à l’endroit du Gouvernement ivoirien pour ses efforts visant à faire de la Côte d’Ivoire, un pôle sanitaire d’excellence dans la sous-région. Mes remerciements par ailleurs au Ministre Pierre Dimba qui nous a fait confiance pour conduire ce projet si capital en Côte d’Ivoire. À nos partenaires, tous nos remerciements et nos encouragements pour des appuis divers apportés au Ministère de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle. Je voudrais citer entre autres, l’UNICEF, l’USAID, la Banque mondiale, la KOICA, l’AJCA, le Fonds mondial.
Aux populations, je les invite à la vigilance et à dénoncer l’existence des cliniques privées illégales. Enfin, je tiens énormément à remercier tous mes collaborateurs pour leur ferme engagement visant à réussir cette initiative noble du Gouvernement ivoirien.
Propos recueillis et retranscrits par
Nunva Pierrot