LA VERITE SUR LES FAITS. CE QUE LE JUGE ANGLAIS A DECIDE
L’affaire n’était au départ qu’un banal problème de licenciement économique dû à la crise mondiale de la Covid-19. Avec le climat politique devenu délétère entre ex-alliés du RHDP en Côte d’Ivoire, elle a fini par prendre des relents politiques enrobés de problème de personne…
LES FAITS. Le 05 novembre 2014, dame Sylvie Koffi Affoué Solange, militante du PDCI, est engagée par M. Aly Touré à la Représentation Permanente de la Côte d’Ivoire auprès des Organisations Internationales des Produits de Base qui a son siège à Londres, en qualité de Conseillère. Sylvie Koffi est une chanceuse. Elle démarre son aventure avec un salaire conséquent mensuel de 3000 euros.
Tout roule tranquillement jusqu’à ce que surgisse en 2019, la pandémie sanitaire de la Covid-19. Entre confinements, fermeture des pays, grincement des rouages de l’économie mondiale, chute des prix des matières premières, détérioration des termes d’échange et effondrement des prix du Cacao sur le marché mondial, pour la Représentation Permanente qui vit de subventions, c’est le coup dur. Sa dotation budgétaire est réduite de 40%. La crise est là. Et comme le suggèrent les experts économiques en Europe, « Les postes dit non essentiels » doivent fermer pour sauver les entreprises. Dame Sylvie Koffi tombe sous ce coup. Après donc 5 ans de présence au sein de la Représentation, c’est la séparation. Le 31 janvier 2019, elle est licenciée et ses droits sont payés. Elle part avec la rondelette somme de 23.212 Euros. » C’est presque ma petite sœur. Me séparer d’elle après toutes ces années passées ensemble n’a pas été facile… » Témoigne son ex-patron, l’Ambassadeur Aly Touré. On aurait pu en rester là.
La guerre entre ex-alliés…
Mais c’était sans compter avec la météo politique devenue entre-temps orageuse entre le PDCI, le parti de Sylvie Koffi, protégée du président Henri Konan Bédié et le RHDP d’Alassane Ouattara, parti dont est issu l’ambassadeur Aly Touré.
C’est la guerre entre ex-alliés : les « tabourets » s’arrachent sans ménagement. Les comptes se règlent. Les cabales politiques fleurissent. Les armes s’affutent, les SMS de menaces tombent. Les stratégies de nuisances pleuvent. Dame Sylvie Koffi après avoir empoché son chèque de licenciement dégaine quatre armes aux Prud’hommes : Elle annonce avoir été licenciée en raison de sa religion, de son ethnie, de ses convictions politiques et de son refus de céder aux avances de son employeur. Pour le dernier point, la stratégie d’attaque est bien choisie. C’est la parole d’une dame contre celle d’un mâle. Sans témoins, personne ne saura jamais ce qu’il s’est passé entre les deux…
Le juge rejette des accusations jugées hypothétiques...
Le Juge NORRIS de L’Employment Tribunal (Conseil de Prud’hommes) de Londres qui tranche l’affaire le 19 octobre 2020 refuse toutefois de suivre la plaignante sur plusieurs de ces points en soulignant dans la Grosse de son jugement : » Quant à l’élément de discrimination de la demande, je n’accorde aucune indemnité pour discrimination fondée sur la religion ou les convictions. Le requérant ne m’a donné aucun détail ni sur la discrimination subie ni sur les pertes ainsi subies… » En clair, le juge n’a pas voulu laisser passer la caricature ! On ne peut pas en effet avoir fait 5 ans dans une structure et se clamer au moment de son départ pour raisons économiques, être victime de ses convictions religieuses, ethniques et politiques.
Toujours est-il que le magistrat du Conseil de Prud’hommes après avoir convoqué sans succès les deux parties à une Case Management, c’est à dire une discussion qui n’est autre qu’une audience de mise en état pour fixer une série de dates afin d’accomplir certains actes, n’a pas apprécié les absences répétées et injustifiées des Conseils de la Représentation dans le prétoire.
L’ambassadeur Aly Touré que nous avons joint nous explique n’avoir en réalité, jamais reçu la moindre convocation à l’adresse de la structure qu’il dirige. Où sont donc passées les convocations du Tribunal ? Auraient-elles été adressées à une adresse erronée? Fort possible. Vu que la plaignante a été décrite dans un tabloïd anglais comme une employée de l’Ambassade de Côte d’Ivoire au Royaume-Uni.
Sur le coup, la politique de la chaise vide va se retourner contre la Représentation Permanente. « Le défendeur est donc condamné à verser au requérant la somme de 3 048,00 £ à titre d’indemnité de base et la somme de 98 805,07 £ représentant le montant de l’indemnité après majoration, soit un total global de 101 853,07 £. » Tranchera le juge NORRIS. Fin de l’affaire ? Les avocats de la Représentation Permanente seraient apprend-on, sur pied pour répliquer contre ce verdict prononcé contre leur client presque par contumace./.
AUGUSTIN Djédjé