FAO, OMS et OMC alertent sur le risque d’ajouter des pénuries alimentaires à la crise sanitaire.
Sur le continent, la pandémie de coronavirus fait resurgir les inquiétudes sur la sécurité alimentaire. Restrictions de circulation, marchés qui ne peuvent plus se tenir, cargos et camions bloqués aux frontières, dédouanements plus difficiles. La crise sanitaire et le confinement qu’elle implique fragilisent les chaînes de distribution et de production agricoles. Avec déjà une instabilité des prix résultant des chocs qui affectent l’offre et la demande de nourriture et touche en particulier les plus pauvres.
En théorie, les denrées essentielles (nourriture, eau, essence) peuvent circuler librement, malgré les restrictions de mouvement, mais la crise sanitaire a réduit le rythme des importations/exportations, alors que de nombreux pays sont loin d’être autosuffisants. Déjà, la Russie a arrêté d’exporter des céréales transformées ; le Kazakhstan a suspendu les livraisons de farine, de sucre, d’huile de tournesol et de certains légumes ; le Vietnam a restreint les ventes de riz à l’étranger et arrêté ses importations de noix de cajou…
Chocs sur l’offre et la demande
« D’autres embargos, comparables à ceux instaurés durant la crise de 2007-2008 sont probables si la crise se prolonge, bien que le niveau actuel des stocks de grains, considéré globalement, soit loin d’être alarmant », affirme Jean-Christophe Debar, directeur de la fondation Farm.
Les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l’exportation,(…) qui engendrera une pénurie sur le marché mondial
FAO, OMS, OMC
à Reuters
Les échanges internationaux ou régionaux contribuent de manière cruciale à la sécurité alimentaire de la planète. L’Afrique importe (et exporte) une partie de ses besoins alimentaires. Les pays du Maghreb sont de gros importateurs de blé, mais il n’est pas trop tard pour gagner en autonomie.
« Les gouvernements nationaux devraient aider les communautés et les citoyens locaux à accroître la production alimentaire locale (y compris les jardins familiaux et communautaires) par des mesures de relance appropriées (financières et en nature) afin de renforcer la résilience alimentaire, de réduire au minimum le gaspillage de nourriture et d’éviter les achats excessifs pour garantir un accès équitable à la nourriture à tous », recommande une note du HPLE Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition.
Accroître l’agriculture vivrière
« Il s’agit donc d’accroître la production agricole locale, y compris pour l’autoconsommation et via l’agriculture urbaine, pour renforcer la sécurité alimentaire, même si le facteur majeur en la matière est celui de l’accès à la nourriture grâce à des revenus suffisants« , affirme dans son blog Jean-Christophe Debar (FARM).
La Banque africaine de Développement (BAD) s’inquiète également pour l’avenir : « Dans le secteur agricole, il est très difficile aujourd’hui d’avoir accès aux semences, aux engrais, aux intrants. Si les gens ne peuvent pas produire, on aura une autre crise, qui sera une crise alimentaire. Raison pour laquelle, à la Banque africaine de Développement, nous venons d’engager la création d’une plateforme des pays africains pour pouvoir les aider à importer en bloc« , a déclaré à RFI le président de la BAD, Akinwumi Adesina.