MOUVEMENT DE SOLIDARITE
DEMOCRATIQUE- MSD
37, Rue Vercingétorix
94400 VITRY SUR SEINE
A Son Excellence, Monsieur le président
De la République de France
55, rue du Faubourg Saint Honoré
75008 PARIS
Objet : LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE France
Monsieur le Président de la République,
Nous sommes le ‘’Mouvement de Solidarité Démocratique’’ (MSD) de la Société Civile de Côte d’Ivoire dans la Diaspora.
Notre président, Jean Blézon, est né le 15 juillet 1932, à KEGLOBLY-Côte d’Ivoire.
Par la présente, nous venons vous présenter un certain nombre de préoccupations majeures :
I – RAPPEL DES FAITS MARQUANTS HISTORIQUES.
1 – Les travaux Forcés Coloniaux : Notre président Jean Blézon à l’âge de 13 ans, a été réquisitionné, puis, contraint aux travaux forcés par les colons français. Il a été ainsi arraché à sa famille (père et mère) et à son village natal. Il ne connaitra pas non plus la voie de l’instruction et de l’éducation scolaires.
Comme lui, d’autres jeunes enfants africains ont connu le même sort, victimes des brimades corporelles, des coups de fouet et des matraquages psychologiques.
Ces traitements inhumains avaient pour seul objectif d’utiliser l’Homme Africain comme force et machine de production et d’exploitions économiques afin d’approvisionner aussi bien en denrées alimentaires qu’en matières premières pour la puissance coloniale, la France.
Beaucoup d’Africains étaient massacrés, assassinés massivement, lorsqu’ils manifestaient la moindre opposition ou le moindre refus aux travaux forcés ou encore revendiquaient leurs droits ou leurs libertés, individuelles ou collectives.
Par exemple : « Lorsque il était 13 heures, l’heure du repos et de repas, les travailleurs forcés n’avaient pas le bénéfice de ce droit. »
2 – La décolonisation, le néocolonialisme.
Lors de la deuxième guerre mondiale, la puissance coloniale, la France, fait appel par réquisition, aux africains des colonies pour défendre la nation française au prix de leur sueur et de leur sang. La plupart de ces africains, par milliers, ont perdu la vie, puisqu’ils étaient au front en première ligne sur les champs de bataille, utilisés comme boucliers.
Tous ces soldats africains ont été désignés honteusement ‘’Tirailleurs Sénégalais’’.
Le 30 janvier 1944, à Brazzaville au Congo, le Général de Gaulle réunit les représentants des colonies françaises pour leur faire la promesse de la décolonisation. Cependant, au mois de décembre de la même année, il fait exécuter des soldats africains venant de France à Thiaroye au Sénégal sous prétexte que ces derniers réclamaient leur solde.
Nous en déduisons, une grande supercherie politique et historique, car la décolonisation promise n’a jamais eu lieu dans les faits et encore moins les indépendances accordées par voie de conséquence.
La plupart des pays d’Afrique Noire, se sont aperçus du coup politique de De Gaulle, et ont franchi en conséquence le pas de l’indépendance.
Ils paieront un lourd tribut, car la France utilisera, les coups d’Etat et les rébellions armées, fabriquées et entretenues par elle, pour assassiner arbitrairement des leaders politiques africains.
Nous citons à titre d’exemples :
a – Les assassinats de : Patrice Lumumba au Congo Belge actuel (RDC), Sylvanus Olympio au Togo, François Tombalbaye au Tchad, Amani Diori au Niger, Marien Ngouabi au Congo Brazzaville, Thomas Sankara en Haute Volta actuel Burkina Faso, Mouamar Kadhafi en Lybie. …
b – Les coups d’Etat contre : Modibo Kéita au Mali, Amadou Ahidjo au Cameroun, Pascal Lissouba au Congo Brazzaville, Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, Maurice Yaméogo en Haute Volta (actuel Burkina Faso) etc…
Ces coups d’état, assassinats et rébellions armées se soldent toujours par l’installation des dirigeants choisis par la France, à la tête des Etats africains. La mission de ces préfets et sous-préfets africains de la France consiste, essentiellement à perpétuer la colonisation sous sa forme nouvelle appelée néocolonialisme, et à maintenir l’Afrique sous la dépendance et la domination politiques, économiques et culturelles, de la France.
C’est le cas de Mobutu Sese Seko (mort) en RDC, Blaise Compaoré (chassé du pouvoir) au Burkina Faso, Paul Bya au Cameroun, Denis Sassou Nguesso au Congo Brazzaville, Joseph Kabila en RDC, Alassane Dramane Ouattara en Côte d’Ivoire. …
Les peuples africains ne sont plus fouettés ni matraqués, ni affamés, ni assassinés directement par les colons blancs comme autrefois pendant la colonisation.
Cette sale besogne est exécutée, désormais, par ces dictateurs africains de la France, contre leurs propres peuples pour la satisfaction de la puissance coloniale. Ils pillent les ressources naturelles et agricoles de leurs pays au profit de la France, pendant que les peuples africains s’appauvrissent de plus en plus, meurent de faim et de maladies de toutes sortes.
En utilisant des rébellions armées comme en Côte d’Ivoire, en Centre Afrique, au Mali, au Tchad, en R.D.C. et en Lybie où les rebelles avaient droit au Tapis Rouge de l’Elysée, la France a inventé une nouvelle arme pour actualiser et maintenir son emprise coloniale sur les pays d’Afrique Noire à défaut de réactiver les travaux forcés.
Mieux encore, la France intervient directement dans les processus électoraux présidentiels des pays africains, en désignant depuis les antichambres de l’Elysée ou du Quai d’Orsay, les candidats de son choix, qui sont ensuite imposés aux peuples africains par la manipulation et le truquage des résultats électoraux.
Il faut ajouter à cela, la violation des constitutions nationales, ou cours suprêmes dans la proclamation des résultats complètement inversés en faveur des candidats choisis par la France : Le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Congo RDC, la Lybie, le Mali, le Congo Brazzaville, sont autant d’exemples que l’on peut citer.
Les Médias français, s’adonnent à la désinformation politique lorsqu’il s’agit des processus électoraux dans les pays africains, et participent ainsi comme complices indirectes, au maintien au pouvoir des dictateurs africains, des plus sanguinaires, contestés et impopulaires. Citons : Alassane Dramane Ouattara Côte d’Ivoire, Paul Bya Cameroun, Ibrahim Boubacar du Mali, Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Faure Gnassingbé du Togo et Ali Bongo du Gabon. …
II – Les évènements actuels.
1 – Les relations franco-africaines
Nous nous rappelons de votre discours du 15 février 2017 à Alger dans lequel vous aviez déclaré et nous vous citons : « Oui, la colonisation est un Crime contre l’Humanité ».
Nous constatons malheureusement que l’immense espoir que vous aviez suscité chez les Africains d’Afrique et Afro Français de France s’est évaporé rapidement et s’est transformé en une sorte de spectre de peur, d’angoisse, de déception et de souffrances morales et psychologique chez les Afro français de France et des africains d’Afrique.
En effet, Monsieur le Président, nous, le Mouvement de Solidarité Démocratique MSD, avons été très choqués et révoltés de vous voir encenser à de multiples reprises le dictateur et tortionnaire de notre pays, la Côte d’Ivoire, à l’Elysée.
Pire encore, quand nous vous avons aperçu sur les réseaux sociaux et sur certaines chaines de télévision, fêter votre anniversaire en Côte d’Ivoire, dansant « Premier Gaou n’est pas Gaou » en compagnie du dictateur ivoirien, alors que des centaines de prisonniers sous le régime de celui-ci, croupissent dans les prisons sans jugements, souffrent de maladies sans assistance médicale et meurent dans leur cellule les mains et les pieds enchainés. De même des milliers d’ivoiriens (nes) crèvent de faim et dorment dans les cimetières faute de logements sociaux ou tout simplement chassés de leurs habitations, détruites par Alassane Dramane Ouattara.
Nous indiquons, au passage, qu’Alassane Dramane Ouattara a été installé par la force à la tête de Côte d’Ivoire, sous le régime de Nicolas Sarkozy, votre prédécesseur.
Le peuple ivoirien dans la diaspora en France, est évalué à huit cent milles (800.000) personnes environ auxquelles il faut ajouter tous les Afro Français nés en France. Nous nous sommes massivement mobilisés, lors des élections présidentielles française de 2017, pour porter nos votes majoritairement sur vous, parce que vous incarniez pour nous la nouvelle France libre par votre jeunesse, mais aussi et surtout parce que nous espérions de votre part la renaissance des relations franco-africaines, purgées de leurs crimes et de leurs manœuvres sordides du passé.
2 – Situation Socio-Politique en Côte d’Ivoire
Excellence Monsieur le président de la République de France, la Côte d’Ivoire notre pays se trouve dans une impasse sociopolitique, née depuis 1993, à la mort du feu président Félix Houphouët Boigny. L’instabilité politique qui résulte des différents régimes qui se sont succédés est la conséquence :
a- De la guerre de succession entre les héritiers du feu président Félix Houphouët Boigny :
– Aimé Henri Konan Bédié, (ex- Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire dauphin constitutionnelle).
– Alassane Dramane Ouattara, (ex-Premier ministre).
– Le Général Robert Gueï ex-chef d’Etat-major assassiné.
b- De l’émergence d’une opposition politique de gauche dirigée par un leader charismatique et populaire en la personne du professeur Laurent Gbagbo, fondateur du parti ‘’Front Populaire Ivoirien’’ (FPI)
c- Du tribalisme politique, de la corruption, de la gabegie et de l’aspiration populaire à la démocratie, à la liberté et à la souveraineté nationale.
d- Des crises et d’austérité économiques imposées à la Côte d’Ivoire par le FMI et la Banque Mondiale dans les années 198O.
e- De la paupérisation des populations.
Ce tableau sombre permet de mesurer l’ampleur de la crise que traverse notre pays, et révèle sa complexité au plan économique, social et politique.
C’est pourquoi, nous, Mouvement de Solidarité Démocratique (MSD), pensons qu’une simple élection présidentielle classique pour une alternance politique en octobre 2020, n’apportera aucune solution durable.
Car les mêmes acteurs d’hier vont à nouveau s’affronter et accentuer plus encore les divisions, les haines, les violences et approfondir la fracture sociale.
Nous assistons d’ores et déjà aux signes précurseurs de la guerre civile avec son cortège de morts, de victimes, de destructions et de souffrances comme nous en avons connu den 2002 à 2012. Les armes tuent à nouveau au Nord et au Nord-Ouest ; l’insécurité et la violence sont devenues les fléaux sociaux quotidien qui traumatisent les populations.
Nous proposons donc, une TRANSITION DEMOCRATIQUE CONSENSUELLE PACIFIQUE ET INCLUSIVE ; et qui aura pour avantages de :
-Juguler les appétits politiques pour le pouvoir, des acteurs de tous bords.
-Rassembler et unir tous les ivoiriens de tous les partis politiques et la société civile, autour d’une même table et créer ainsi un consensus par la réconciliation nationale.
-Former un gouvernement de Transition dirigé par un premier ministre, assisté de deux vices premiers ministres pour l’intérieur et la défense. Tous les trois feront l’objet d’une élection par la Constituante du peuple.
Sera déclaré premier ministre, le candidat ayant obtenu la majorité absolue ou qualifiée des suffrages exprimés, les deux vices premiers ministres dans l’ordre d’arrivée selon des résultats des votes. Les trois candidats au poste de premier ministre devront être obligatoirement et exclusivement de la Société Civile sans appartenance à aucun parti politique. Les prérogatives et la mission du premier ministre élu seront définies par la constituante (définition d’un cahier de charges et d’une feuille de route).
A la fin de la période de Transition le premier ministre et ses vices premiers ministres ne prendront pas part aux élections qu’ils organiseront dans la transparence et l’équité.
Les institutions juridiques et organisationnelles seront revisitées et le système politique mis à jour au plan opérationnel et fonctionnel.
Le gouvernement de Transition aura quatre (3+1) ans maximum ou à défaut trois (2+1) ans pour organiser les élections présidentielles et générales.
Nous pensons que c’est la seule voie salutaire pour la paix et l’unité du pays.
Nous conjurons donc, toute velléité de vouloir organiser les élections présidentielles en octobre 2020.
3- Neutralité de la France
La préservation des intérêts français en Côte d’Ivoire exige de votre part Monsieur le Président, une totale neutralité, dans ce processus sociopolitique. Le peuple de Côte d’Ivoire traumatisé par les troubles postélectoraux de 2010-2012 et qui ont fait, cent soixante-quinze mille (175.000) morts selon nos sources, ne voudrait pas revivre des évènements semblables.
Monsieur le Président de la République de France, le peuple de Côte d’Ivoire et à travers lui, les peuples d’Afrique Noire, aspire à la liberté autant que le peuple français. Les Ivoiriens comme les autres africains ne sont pas contents de la politique de la France en Afrique et en particulier, en Côte d’Ivoire.
Car nous savons, que l’aspiration la plus profonde et la plus élevée, est la liberté pour le peuple français. Cette même liberté, est celle que les africains veulent aussi vivre à leur manière.
C’est pourquoi, Excellence, Monsieur le Président de la République de France, nous vous prions d’entendre ces cris de cœur qui s’expriment, ces colères contenues, comme vous le feriez pour le peuple français auquel, nous, nous sommes liés par l’histoire et la langue…
Dans l’attente, Excellence Monsieur le président de la République, nous vous prions d’agréer, l’expression de notre haute considération.
Nous joignons une copie de la lettre que nous avons adressée à l’Assemblée Nationale française et au Sénat français.
Pour le Mouvement de Solidarité
Démocratique de la Société Civile Ivoirienne
Dans la Diaspora
Président Jean Blezon
Copie :
1 Assemblée Nationale Française
1 Sénat Français