Un mois après sa prestation de serment, le président congolais, qui a fait de la lutte anti-corruption l’une de ses priorités, a marqué le coup en reversant au Trésor public 163 300 dollars, selon un document de la Banque centrale de la République démocratique du Congo.
Après sa première tournée en Angola, au Kenya et au Congo-Brazzaville, puis son déplacement au sommet de l’Union africaine dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, le président de la République a procédé à un « reversement de frais de représentation« , indique un bordereau de la Banque centrale du Congo (BCC) en date du 19 février dont l’AFP a pris connaissance.
Pendant les cinq dernières années du règne de l’ex-président Joseph Kabila, la Cour des comptes a régulièrement épinglé la présidence congolaise pour ses dépassements de crédits. Sans effet notable.
La corruption, « ce fléau »
En 2017, la présidence congolaise avait enregistré un dépassement de « 185% des crédits alloués« , avait même reconnu le ministre des Finances congolais Henri Yav devant les députés.
Dans son discours d’investiture le 24 janvier 2019, M. Tshisekedi, avait qualifié la corruption de « fléau qui dévaste notre pays, ses institutions » et promis « une stratégie de lutte contre la corruption dans l’ensemble des rouages de l’administration publique« .
Pour marquer le changement, deux de ses partisans ont d’ailleurs retiré leur candidature aux élections sénatoriales en dénonçant la corruption des députés provinciaux, qui souhaitaient monnayer leur voix.
Il reste que la RDC a connu sa première passation pacifique de pouvoir depuis son indépendance, le 30 juin 1960 avec la proclamation de Félix Tshisekedi comme vainqueur de la présidentielle. Succédant à Joseph Kabila, qui avait repoussé la date du scrutin à plusieurs reprises, l’opposant devenu président va devoir montrer qu’il a les coudées franches.
Pendant ce temps, l’autre candidat de l’opposition conteste toujours l’élection
Candidat malheureux à la présidentielle, Martin Fayulu revendique la victoire et dénonce des résultats « fabriqués » par la Commission électorale.
Reparti en tournée dans le pays pour demander « la vérité des urnes« , M. Fayulu s’est arrêté le 21 février dans sa région, à Kikwit, dans l’est de la RDC. La grande ville du Bandundu, située à 550 km à l’ouest de Kinshasa, avait vu des violences éclater à l’annonce des résultats le 10 janvier. Plusieurs manifestants y avaient laissé la vie.
Adepte de la « résistance pacifique« , Martin Fayulu recommande aujourd’hui à ses partisans d’organiser « meetings et sit-in » avec, en prime, l’exécution de quelques pas de danse sur l’estrade à chacune de ses apparitions.
« Maintenant, avançons »
Cependant, les habitants de Kikwit, même si leur opposant préféré n’a pas été proclamé vainqueur par la Cour constitutionnelle à Kinshasa, ont « pris acte » – comme diraient les diplomates – de la victoire de M. Tshisekedi.
C’est lui qui incarne désormais l’espoir infini du « changement » après les 18 ans au pouvoir de son prédécesseur Joseph Kabila dans une région qui manque de tout, à entendre les administrés.
« Les élections sont passées, maintenant avançons« , intervient Ange Mangangi auprès de l’AFP. Son fils, Victor Mawika, a eu le bras gauche fracturé dans les violences qui ont suivi l’annonce des résultats.