La production de cacao en Côte d’Ivoire progresse, à 2,2 millions de tonnes, et le prix au producteur gagne 10 % lui aussi. Reste que le bras de fer entre la Côte d’Ivoire et le Ghana avec les industriels du chocolat ne fait que commencer.
Les autorités ivoiriennes ont réévalué le 1er octobre le prix payé aux cacaoculteurs pour le lancement de la campagne principale 2019-2020 par rapport à la précédente campagne. Le Conseil café cacao (CCC), le gendarme de la filière cacao en Côte d’Ivoire, a fixé à 825 francs F CFA (1,25 euro) par kilogramme le prix bord champ des fèves séchées et fermentées au producteur pour la récolte de la campagne principale 2019-2020, qui se déroule du 1er octobre au 30 mars prochain.
Lors de la campagne précédente, le prix bord champs des fèves de cacao était fixé à 750 F CFA/kg. C’est donc une hausse de 10 % du prix du cacao payé aux producteurs.
Production en hausse
Lambert Kouassi Konan, le président du CCC, a attribué cette majoration du prix à une décision personnelle du président ivoirien Alassane Ouattara. Le CCC, contraint par la fragilité des fonds de stabilisation pour soutenir un cours élevé, avait proposé de son côté 800 F CFA/kg, a assuré à Jeune Afrique un proche du chef de l’État.
La récolte 2018-2019 qui s’est achevée le 30 septembre totalise 2,2 millions de tonnes, en hausse par rapport aux 2 millions de tonnes de la campagne précédente. Le 11 juillet dernier, le CCC avait annoncé souhaiter stabiliser sa production à 2 millions de tonnes à partir de cette campagne de commercialisation 2020-2021.
Pour la deuxième saison consécutive, le Ghana et la Côte d’Ivoire, qui constituent le cartel mondial du cacao, ont annoncé simultanément le prix à Abidjan et à Accra, malgré la grande différence des systèmes de commercialisation.
Volumes de vente incertains
Au Ghana, la tonne de cacao sera négociée à 8 240 cédis, soit environ 1 293 dollars, ce qui équivaut à 919,9 F CFA le kilogramme. La Côte d’Ivoire et le Ghana représentent environ 63 % de la production mondiale et ont décidé en juillet dernier d’imposer un différentiel de revenu décent (DRD) sous forme de surtaxe de 400 dollars (366 euros) par tonne pour la campagne 2020-2021, lorsque les fèves sortiront des champs en octobre 2020.
Jusqu’à présent, les stocks mondiaux de cacao sont situés dans les pays consommateurs, ce qui réduit les marges de manœuvres de la Côte d’Ivoire et le Ghana. L’option du DRD fait grincer les dents chez les multinationales et les grands chocolatiers, qui boycottent pour l’instant les achats et les contrats par anticipation de la campagne 2020-2021. La Côte d’Ivoire n’a ainsi vendu par anticipation que 40 000 tonnes pour la campagne 2020-2021, contre 300 000 tonnes l’an dernier à la même époque.