La dissolution des partis membres du RHDP qui devrait s’opérer à la suite du congrès constitutif prévu pour le 26 janvier 2019, n’est plus à l’ordre du jour. L’idée a été abandonnée, selon le porte-parole du Rassemblement des républicains (Rdr), le ministre Touré Mamadou. Celui-ci l’a confié, selon lintelligentdabidjan.info, aux journalistes, en marge de la conférence de presse animée, mercredi 26 décembre 2018, par Adama Bictogo, Président du comité d’organisation (Pco) de ce congrès constitutif, qui était censé faire disparaître ces partis.
« Nous n’allons pas au congrès pour parler de dissolution des partis. C’est aussi ce qu’a dit le président de l’Udpci, Albert Mabri Toikeusse. Mais, ce dont il sera question, c’est le fonctionnement de ces structures, après la date du 26 janvier 2019. C’est ce qui sera l’objet de débat. Il importe de dire comment les partis vont fonctionner, après cette date. Ce d’autant plus que nous parlerons désormais en termes de parti unifié Rhdp », a précisé Touré Mamadou qui explicitait les dires d’Adama Bictogo.
Une position qui prend au dépourvu, et déconcerte les observateurs de la vie politique ivoirienne. La cacophonie qui régnait depuis quelques jours à l’approche de ce congrès, laissait présager une telle conjoncture.
Albert Mabri Toikeusse, Vice-président du Rhdp unifié, président de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), a jeté, le samedi 22 décembre 2018, lors du Bureau politique de son parti, un véritable pavé dans la marre, déclarant que « le congrès du Rhdp du 26 janvier 2019 n’a pas à son ordre du jour, la dissolution des partis membres ». Marquant sa préférence et son « attachement à un Rhdp de rassemblement, ouvert à toutes les filles et à tous les fils de la Côte d’Ivoire ».
Et, il y a eu aussi ce post publié sur la page facebook du ministre Alain-Richard Donwahi, et signé de son nom : « Je suis Pdci, Je dis non à la rupture pour préconiser la reprise d’un dialogue structuré, inclusif et franc entre les enfants du président Félix Houphouët-Boigny». Ce post a été précédé d’un tweet toujours d’Alain-Richard Donwahi : « Envisageons un autre cas de figure : pas de création du Rhdp unifié le 26 janvier 2018 et pas de fusion-absorption des partis… C’est possible par le dialogue, et ça renforce notre idéal de paix pour le développement harmonieux de notre chère Côte d’Ivoire ».
Pour ce qui les concerne, les ministres issus du Pdci-Rda, conduits par le Vice-président Daniel Kablan Duncan, ont adopté une posture pour le moins équivoque, en choisissant de rester au Pdci « pour dire non à la rupture ». Et pourtant, Adama Bictogo a tenté de recadrer tous ceux qui semblaient ramer à contre-courant de l’idée de dissolution des partis composant le Rhdp unifié.
Pour Bictogo, le Rhdp sonnera la mort des partis fondateurs. « Ce congrès sonnera l’heure de la clarification. Il mettra fin aux vuvuzelas et à la transhumance, et donnera le coup d’envoi de la campagne. Il ne sera plus possible de jouer sur tous les tableaux. On sera soit Rhdp, soit Pdci, soit Raci, mais pas tout à la fois. Le ticket pour la présidentielle sera choisi par le Conseil politique du Rhdp et son président. Ils le soumettront à une convention à la fin 2019 et au début 2020 », a dit Adama Bictogo lors d’une précédente conférence de presse.
Il a été appuyé par Touré Mamadou, le porte-parole du Rdr et porte-parole adjoint du Rhdp unifié. En conférence de presse, le mardi 4 décembre 2018, il a été sans ambages, quant à la dissolution des partis membres du Rhdp. « Nous aurons un seul parti politique nommé Rhdp. Ce qui veut dire que, de facto, tous les partis traditionnels existants, juridiquement, ne vont plus exister… Le Rdr a fait le choix du parti unifié en toute responsabilité. Nous savons que c’est un choix difficile, compte tenu de l’histoire de notre parti, mais, c’est un choix qui est guidé par l’intérêt supérieur de la nation », avait déclaré Touré Mamadou.
Qu’est-ce qui peut bien expliquer ce revirement à 180 degré au sein du Rhdp ? Sont-ce les voix discordantes, les levées de boucliers, tant au Rdr, à travers les pro-Soro, que dans les autres formations politiques, qui ont fait changer de cap aux responsables du Rhdp ? Le 26 janvier 2019, les partis politiques continueront d’exister ? N’y aura-t-il pas un hiatus voire un conflit entre et le Rhdp et la loi en vigueur qui interdit aux Ivoiriens de militer dans deux partis politiques à la fois ? Si le congrès constitutif est vidé de son objet qui implique notamment la disparition des partis fondateurs, quelle sera, en définitive, la forme que prendra le Rhdp unifié ? Ce sont autant d’interrogations qui alimentent, depuis hier, les débats.
En tout état de cause, l’opinion ivoirienne attend des responsables du Rhdp, des réponses claires, qui puissent les situer sur le format Rhdp groupement politique rejeté par Henri Konan Bédié, et le Rhdp unifié qui naîtra le 26 janvier et dans lequel, chaque parti devrait garder son identité et son autonomie.
Armand B. DEPEYLA (voxabidjan.net)