Relation avec le régime Ouattara après le ‘Non’’ au parti unifié, probable troisième mandat du chef de l’Etat ivoirien, municipales et régionales, Me Soro Brahima, président de l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI), repond à ces questions sans détours dans un entretien exclusif accordé à Eventnewstv ce vendredi 15 juin 2018 à Abidjan.
Eventnewtv : L’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI) née en 2009 a 9 années d’existence. Quel est son poids politique au niveau national ? Combien de militants revendiquez-vous ?
Me Soro Brahima : Le poids d’un parti se mesure par sa capacité à gagner des élections. A l’issue de la dernière élection des députés à l’assemblée nationale, l’UPCI a obtenu trois sièges de députés dans trois régions différentes. Trois sièges, c’est autant que le FPI. Mieux, des cinq partis représentés à l’assemblée nationale, l’UPCI est le seul à n’avoir jamais exercé le pouvoir d’Etat.
Eventnewstv : Suite au ‘‘Non’’ de votre formation politique au parti unifié cher au Président Alassane Ouattara, le 28 avril 2018, il y a eu une vague de démissions dans vos rangs dont le député Belmonde Dogo. Que valent ces personnes démissionnaires ?
Me Soro Brahima : A ma connaissance, il n’y a eu qu’une seule démission. C’était une de nos élues. Et je la regrette. La seconde dont j’ai eu connaissance est en réalité une farce car cette personne avait de fait quitté le parti depuis novembre 2016 quand face aux menaces et pressions de nos adversaires, elle a choisi de renoncer à sa candidature à la députation afin de conserver son poste. Depuis, elle avait pris ses distances d’avec le parti afin de donner des gages probablement à ceux ou celles qui la tiennent en respect. Par contre, nous avons choisi nous-même d’extirper de nos rangs quatre personnes dont nous nous sommes aperçus que l’idéologie se résume aux billets de banque. Depuis lors, nous nous portons très bien.
Eventnewstv : Comment vous vous êtes sentis face au chantage éhonté du Président Ouattara à l’égard de votre jeune parti lors du congrès du RDR du 5 mai 2018 ?
Me Soro Brahima : Je vous laisse la responsabilité du choix de vos mots. En ce qui nous concerne, en pleine harmonie avec les adhérents, nous regardons l’avenir avec beaucoup de sérénité.
Eventnewstv : Recevez-vous des menaces du régime Ouattara ?
Me Soro Brahima : La réponse à votre question est non. Par contre, certaines personnes proches du Président de la République se sont donné pour mission, sans doute pour lui faire plaisir, de casser l’UPCI, ce petit parti qui a osé dire non au grand chef. Pour cela, ils sont prêts à toutes les contorsions et violations des statuts de notre Parti et même du bon sens pour atteindre leur objectif. Dernièrement, il y a un ancien membre de notre parti qui a tenu un pseudo bureau politique de l’UPCI dans le disque dur de son ordinateur alors que le même jour et à la même heure, je présidais une réunion du Conseil National qui comprend outre les membres du bureau politique, les secrétaires permanents venus des différents départements du pays et des communes du district d’Abidjan. Mais ayant tenté de diffuser son tract de communiqué final sur les réseaux sociaux sans grand succès, les ivoiriens n’étant pas dupes, il s’est tourné vers les journaux proches du régime qui l’ont mis à la Une sans la moindre précaution journalistique. Mieux, dès le lendemain, un dimanche, cet égaré est allé rendre compte et prendre les instructions à la Rue Lepic où il a été reçu par le cabinet de la secrétaire générale du RDR. C’est ridicule.
Eventnewstv : L’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI) a décidé de voler de ses propres aîles. Vous annoncez des candidats aux municipales et aux régionales. Quelles sont leurs chances de l’emporter ?
Me Soro Brahima : Dans toutes les circonscriptions où nous avons enregistré des candidats, ils ont de réelles chances de l’emporter. Notre rôle est de les accompagner car ils sont pour la plupart à leur première expérience de candidature à une élection.
Eventnewstv : Inspecteur des Douanes pendant 11 ans, vous avez démissionné pour vous adonner à la politique. Quel est votre rêve pour cette Côte d’Ivoire aujourd’hui marquée par le règne de la force et de l’argent ?
Me Soro Brahima : Mon rêve en venant en politique est de voir mon pays qui a tant de potentiels se retrouver dans le concert des nations développées. Et nous pouvons y arriver en une génération. Pour cela, il nous faut reformer en profondeur notre système éducation/formation pour qu’il soit de qualité. Investir dans l’industrialisation de notre agriculture. C’est à ces deux conditions que nous mettrons fin au chômage de masse des jeunes, en particulier celui des jeunes diplômés. Parallèlement, il faut lutter sans faiblir contre la corruption et la gabegie et rétablir l’intégrité de nos institutions.
Eventnewstv : Pour vous, un problable troisième mandat de Ouattara est un non-sujet. Sans vous plonger dans une fiction-politique, quelle serait votre réaction si cela devenait réalité ?
Me Soro Brahima : Quand cela deviendra réalité, ce dont je doute, je vous réserverai la primeur de ma réaction.
Eventnewstv : Vous avez appelé vos militants à se faire enrôler lors de la prochaine revision de la liste électorale. Quelle réaction suite à cette frange de l’opposition qui appelle au boycott ?
Me Soro Brahima : L’opposition à laquelle vous faite référence a plus d’expérience que moi pour que je m’autorise pas à lui donner des leçons. En ce qui me concerne, je voudrais lancer un appel solennel à tous les ivoiriens, en particulier les nouveaux majeurs et tous les majeurs qui ne figurent pas sur la liste électorale afin qu’ils s’enrôlent. Le changement auquel ils aspirent est à ce prix.
Propos recueillis par Cyrille NAHIN