Alors que l’Égypte a dominé le classement final des 12e jeux, de nombreux athlètes se sont illustrés avec des performances prometteuses à la veille des Mondiaux de Doha.
Avec une dernière célébration dimanche 1er septembre et après deux semaines de compétition, le rideau est tombé sur les 12e Jeux africains, qui se sont déroulés à Rabat, au Maroc. Considérés comme la plus grande manifestation sportive en Afrique, les Jeux africains ont réuni plus de 6 000 athlètes issus de 29 disciplines sportives différentes qui se sont affrontés sur plusieurs sites dans les villes de Rabat, Salé, Témara, Casablanca, Benslimane et El Jadida. Au bout, nombre d’entre eux se sont qualifiés pour les Jeux olympiques de Tokyo, qui auront lieu en 2020.
L’Égypte écrase tout
Pour l’heure, alors que Rabat se remet de ses émotions, c’est bien l’Égypte qui arrive en tête du classement général avec 273 médailles dont 102 en or, 97 en argent, 73 en bronze. Loin derrière, le Nigeria se classe en deuxième position avec 127 médailles (46 or, 33 argent et 48 bronze), l’Afrique du Sud arrive en troisième avec 87 médailles (36 en or, 26 en argent et 25 en bronze) et l’Algérie occupe la quatrième place avec ses 125 médailles (33 en or, 32 en argent et 60 en bronze). Le Maroc, pays hôte, s’est, quant à lui, contenté de la cinquième place avec 109 médailles (31 en or, 32 en argent et 46 en bronze).
Rien d’étonnant dans ce palmarès lorsque l’on sait que l’Égypte est le pays qui a remporté le plus de médailles aux Jeux africains depuis sa création en 1965. Au cours des onze dernières éditions, les Égyptiens ont remporté un total de 1 362 médailles dont 548 médailles d’or, 406 médailles d’argent et 408 médailles de bronze. Le pays possède une organisation bien définie pour le sport, tous les athlètes sont en quasi-préparation toute l’année et bénéficient de programmes d’éducation adaptés à leur rythme d’entraînement au sein des universités. Résultat sur le terrain : cette année, les athlètes égyptiens se sont particulièrement illustrés dans deux disciplines : la natation avec 41 titres : 14 d’or, 18 d’argent et 9 de bronze, et l’haltérophilie. Ahmed Saeed, Mohamed Mahmoud, Karim Abokahla et Rania Mahmoud ont chacun remporté trois médailles d’or.
Mais les Égyptiens ont tout autant brillé dans un tout nouveau sport pour lequel ils n’avaient jamais été en compétition : le triathlon. La première médaille d’or a été obtenue par Basmala al-Salamoni chez les femmes alors que l’équipe mixte composée des joueurs Al-Salamoni, Rehab Hamdi, Mohamed Gaber et Mohamed Tarek a remporté la médaille de bronze de la compétition par équipes. Le triathlon, qui associe natation, cyclisme et course à pied, a récemment été introduit en Égypte, ce qui en fait une grande réussite selon son président, Ahmed Naser : « Gagner deux médailles lors de notre première participation aux Jeux africains est un tel exploit » a-t-il déclaré dans la presse locale.
Les joueurs de tennis de table égyptiens ont également confirmé leur suprématie africaine en remportant trois médailles d’or, deux d’argent et deux de bronze pour un total de sept médailles. Dans la double épreuve mixte, c’était une finale 100 % égyptienne puisque le duo composé d’Omar Asar et de Dina Meshref battait leurs compatriotes Ahmed Saleh et Farah Abdel-Aziz pour remporter la médaille d’or tandis que Saleh et Abdel-Aziz se disputaient la médaille d’argent.
Seulement le pays n’a pas résisté au Taekwondo. Le Maroc a remporté cinq médailles d’or au classement, suivi de la Côte d’Ivoire avec trois médailles d’or, laissant le troisième rang aux Égyptiens avec seulement deux médailles d’or après avoir perdu huit finales de la catégorie. Ce fut un résultat inattendu pour les Pharaons, qui dominent non seulement le continent africain, mais aussi le monde entier.
Les athlètes en route pour Tokyo 2020
« Les Jeux africains ont été l’occasion pour le Maroc de prouver qu’il dispose de l’expérience, de l’expertise et du professionnalisme nécessaires pour organiser des manifestations d’envergure en peu de temps », a affirmé, samedi à Rabat, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Rachid Talbi Alami. En effet, le Maroc a remplacé la Guinée équatoriale au pied levé pour l’organisation de la compétition continentale il y a huit mois à peine. D’où une faible médiatisation de l’événement, qui est passé au deuxième plan au fil des années. Retransmis dans 94 pays à travers le partenariat de la chaîne olympique, les Jeux africains ont retrouvé une autre dimension avec la participation de l’élite sportive continentale, comme l’Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou, qui a remporté l’or sur le 100 m dame le 27 août dernier, seront présents lors des Championnats du monde d’athlétisme qui se dérouleront à Doha au Qatar du 27 septembre au 6 octobre. Lors de la première étape de la Ligue de diamant en 2018 au Qatar, Marie-Josée Ta lou avait battu son record personnel en 10″85. Dès l’été prochain elle retrouvera donc les JO, après Rio en 2016, où l’Ivoirienne avait terminé deux fois au pied du podium sur le 100 m et le 200 m.
Chez les hommes, annoncé comme grand favori de l’épreuve du triple saut des 12es Jeux africains, Hugues Fabrice Zango n’a pas déçu. Avec un bond à 16,88 m, il a décroché une médaille d’or pour le Burkina Faso, il se qualifie pour les Jeux olympiques de Tokyo. Mais bien avant, l’athlète sera présent aux mondiaux de Doha où il compte bien marquer les esprits.
Dans une tout autre catégorie, le taekwondo, trois athlètes se sont magistralement fait remarquer. Il s’agit des Ivoiriens Cheick Cissé,Gbane Seydou et Coulibaly Ferimata. Premier champion olympique de l’histoire de la Côte d’Ivoire, le taekwondoïste Cheick Cissé est passé du statut d’inconnu à celui de héros national pendant les Jeux de Rio. Mais il ne compte pas s’arrêter là et affirme penser à Tokyo. Actuellement numéro un mondial de la discipline, il dit à l’AFP que « la plus grande motivation » pour gagner, « c’est de connaître à nouveau » les honneurs de son retour au pays.
Première compétition officielle et première médaille d’argent pour Marine Fatoumata Camara en boxe dans la catégorie des – 57 kg aux 12e Jeux. Une première pour le Mali. Née d’une mère française et d’un père malien, cette athlète de 24 ans est arrivée en finale après avoir battu en quart de finale l’Ougandaise Colerta Nali Jallia et la Camerounaise Stéphanie Dorine Mambou en demie. La suite des aventures pour la jeune boxeuse qui a débuté à l’âge de quatorze ans seulement se déroulera à Dakar en 2020 pour le tournoi qualificatif des Jeux olympiques de Tokyo. Pour beaucoup de sportifs comme Marine Fatoumata Camara, le plus dur commence maintenant avec les longs mois de préparation et surtout la recherche de financement. Alors que la médaille aux Jeux africains a de plus en plus d’importance, les athlètes espèrent aussi que les financements pour les accompagner dans leur préparation vont suivre. Des bourses de solidarité olympique ont été initiées, et l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique a promis d’accompagner au moins 63 athlètes africains dans les championnats mondiaux. Objectif : que ces champions occupent à chaque fois le top dix mondial.