Une révolution urbaine se joue en Afrique de l’Ouest, le long des côtes du golfe de Guinée. De Lagos, au Nigeria, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, une mégalopole s’étendant sur près de 1.000 kilomètres est en train de se construire à toute vitesse : d’ici à 2035, cette méga-région incluant aussi Accra (Ghana), Lomé (Togo) et Cotonou (Bénin) devrait compter 51 millions d’habitants. Et elle devrait continuer de grossir jusqu’à la fin du siècle, pour devenir « la plus grande zone d’habitation continue sur Terre, avec une population de l’ordre du demi-milliard de personnes », souligne « The Guardian ».
Le journal britannique s’est penché sur les défis que pose cette expansion urbaine accélérée, symbolique de la croissance démographique de l’Afrique. D’ici à 2100, le continent pourrait abriter 3,9 milliards d’habitants, soit 40 % de l’humanité, selon les projections de l’ONU. Et c’est dans les villes que se réalisera la majeure partie de cette croissance. « La question est de savoir comment les nations africaines gèrent l’urbanisation la plus rapide de l’histoire de l’humanité », pointe « The Guardian », en prenant l’exemple de la future mégalopole Abidjan-Lagos.
Une urbanisation ultrarapide mais non planifiée
Le journaliste Howard French raconte la transformation urbaine de la région ces dernières décennies, comment les puissances économiques que sont Abidjan et Lagos (dont la province serait la quatrième économie d’Afrique si elle était indépendante) ont rapidement absorbé les cités qui les entouraient, et comment « de nouvelles métropoles voient le jour dans des environnements qui étaient quasiment vides il y a une génération ».
Mais il constate que la plus grande partie de cette urbanisation se fait de manière non planifiée. Les villes ne cessent de s’étaler, avec très peu de constructions verticales et des infrastructures de transport saturées. Ce qui pèse à la fois sur les conditions de vie des habitants, le développement économique et la prise en compte des enjeux environnementaux. « Ici, le contraste avec la Chine, où d’énormes grappes de gratte-ciel résidentiels entourent chaque grande ville, ne pourrait être plus frappant », souligne le journaliste. Qui note que les gouvernements n’ont pas pris la mesure « des changements démographiques et sociaux radicaux qui s’annoncent ».
Un projet d’autoroute côtière
Ce manque de planification s’opère également au niveau des Etats entre eux. Malgré leur proximité géographique, les cinq pays coopèrent très peu, séparés notamment par des histoires coloniales qui ont laissé en héritage différentes langues officielles (français et anglais), devises et cultures nationales. Ainsi, Cotonou, la capitale du Bénin, a beau n’être situé qu’à 120 kilomètres de Lagos, les relations entre les deux pôles n’existent quasiment pas.
Un premier projet commun pourrait toutefois voir le jour. En mai, la Banque africaine de développement a annoncé qu’elle avait levé 15,6 milliards de dollars pour financer la construction d’une autoroute côtière reliant Lagos à Abidjan. Cette West African Highway, dont l’ouverture est prévue pour 2026, doit permettre d’accroître les échanges transfrontaliers de 36 %, promet l’institution.