Pour de nombreux médias africains, le mouvement des « gilets jaunes » exprime avant tout un ras-le-bol des classes moyennes et défavorisées, délaissées par les « premiers de cordées ». Et de pointer un risque d’une plus grande radicalisation, faute d’écoute.
Le reporter du pure player algérien TSA, impressionné par les violences du samedi 1er décembre, commence son article avec ironie : « Il ne manquerait que notre ministère des Affaires étrangères pour édicter ses consignes aux Algériens se rendant en France et les appelant à la prudence. » Avant de s’inquiéter sur un risque d’une plus dangereuse radicalisation. « (…) Mais c’est d’avoir méprisé les forces organisées, comme les syndicats, que le macronisme a enfanté les ‘gilets jaunes’. Son arrogance et sa sympathie pour les ‘premiers de cordée’ l’ont peu à peu éloigné des Français. Et ce n’est pas son parti, produit artificiel sans ancrage social, qui va le réconcilier avec ses concitoyens. La rupture risque de se révéler inéluctable », analyse Nidal Aloui, pour qui les « gilets jaunes » sont un « enfant indésirable du macronisme ».
L’écrivain Tahar Benjelloun, dans Le 360.ma, y voit aussi dans la politique du gouvernement, un choix qui favorise les plus aisés et – surtout − une guerre d’images et de symboles. « Macron en bon libéral a fait le choix d’une économie qui privilégie les riches. Ainsi en supprimant une partie de l’impôt sur la fortune, celle concernant les investissements bancaires (la France est le seul pays d’Europe à avoir l’ISF), il a fait un cadeau aux riches ; les autres payent une taxe sur leurs biens immobiliers. Il a été assez maladroit par ailleurs et a engagé des travaux à l’Elysée en changeant la vaisselle ou en se faisant construire une piscine dans la villa des vacances présidentielles. Ce sont des détails qui ont choqué les Français. »
Pour Kerim Bouzouita, anthropologue tunisien, cité par L’Economiste maghrébin, « les raisons sont faciles à décrypter ». Selon lui, « depuis que la gauche mène des politiques de droite, le clivage gauche-droite s’est dilué. Du coup, il n’y a plus de forces politiques qui se mobilisent pour des politiques de ‘justice sociale' ». Et de conclure, qu’à son avis, « la révolte est inévitable, ce n’est qu’une question de temps”.