Le refus de l’opposition togolaise de siéger à l’Assemblée nationale suite aux élections législatives du 29 avril 2020, largement considérées comme frauduleuses, constitue un obstacle majeur pour le régime de Faure Gnassingbé. Cette décision audacieuse met en lumière les profondes divisions politiques au Togo et souligne la détermination de l’opposition à obtenir des réformes démocratiques.
*Un changement constitutionnel controversé*
Outre les griefs liés aux irrégularités du scrutin, l’opposition togolaise conteste vigoureusement la révision constitutionnelle adoptée en juillet 2019. Cette révision, qui instaure une Vème République, a été dénoncée comme un coup d’état constitutionnel par l’opposition et la société civile.
Les principales critiques formulées à l’encontre de la nouvelle constitution portent sur :
* *La suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels:* Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, pourrait désormais se présenter à des élections illimitées, perpétuant ainsi la dynastie Gnassingbé.
* *L’affaiblissement des contrepouvoirs:* La nouvelle constitution réduit les pouvoirs du Parlement et renforce les prérogatives du Président, concentrant davantage le pouvoir entre les mains de Faure Gnassingbé.
* *Le manque de transparence et de concertation:* Le processus de révision constitutionnelle a été critiqué pour son manque d’inclusivité et de transparence. L’opposition n’a pas été consultée et ses propositions n’ont pas été prises en compte.
*Un boycott aux multiples implications*
Le boycott de l’Assemblée nationale par l’opposition, en plus de contester la légitimité du scrutin, remet en cause la validité de la nouvelle constitution et du régime qu’elle instaure. Cela place le régime de Faure Gnassingbé dans une position délicate :
* *Légalité contestée:* La nouvelle constitution, adoptée par un Parlement sortant controversé et boycottée par l’opposition, est fragilisée sur le plan juridique et politique.
* *Crises de légitimité:* Le régime peine à asseoir sa légitimité face à l’opposition et à une partie de la population qui contestent sa gouvernance et les modifications constitutionnelles.
* *Risque d’instabilité:* Le boycott et les tensions croissantes pourraient déboucher sur de nouvelles manifestations et une aggravation de l’instabilité politique.
*Perspectives d’avenir incertaines*
L’avenir du Togo est incertain. Le régime de Faure Gnassingbé pourrait tenter de faire pression sur l’opposition pour qu’elle rejoigne l’Assemblée nationale et entériner la nouvelle constitution, ou il pourrait s’enfoncer dans l’autoritarisme et la répression. L’opposition, quant à elle, devra maintenir sa mobilisation et élaborer une stratégie claire pour faire aboutir ses revendications démocratiques et constitutionnelles.
La communauté internationale a un rôle crucial à jouer pour encourager le dialogue et la recherche de solutions pacifiques à la crise politique au Togo. Elle doit également continuer à faire pression sur le régime pour qu’il respecte les droits humains, organise des élections libres et équitables, et revienne sur la révision constitutionnelle controversée.
Le boycott de l’Assemblée nationale par l’opposition togolaise est un événement important qui pourrait avoir des conséquences profondes pour l’avenir du pays. Il est essentiel de suivre de près l’évolution de la situation politique au Togo et de continuer à soutenir les efforts en faveur de la démocratie, des droits humains et d’un retour à une constitution consensuelle au Togo.
*Guillaume KOLOR*
Contribution