Même si l’Afrique des villages est loin d’avoir disparu, le continent devient peu à peu majoritairement urbain. Depuis 1990, le nombre de villes en Afrique a plus que doublé en nombre, passant de de 3 300 à 7 600. Une urbanisation accélérée qui a un impact profond sur les performances économiques du continent et le niveau de vie de la population.
Une urbanisation singulière
En Afrique, ce n’est pas l’exode rural qui nourrit les villes, mais les villages qui deviennent des villes du seul fait de la croissance de leur population. Et les villes finissent avec le temps par devenir des métropoles.
Cette urbanisation singulière est souvent chaotique avec son lot d’embouteillages, de pollution, de coupures d’eau ou d’électricité. Néanmoins, cette urbanisation est un puissant levier économique et s’accompagne d’une nette élévation du niveau de vie, selon le rapport du club du Sahel (OCDE) paru le 26 avril 2022 et intitulé Dynamiques de l’urbanisation en Afrique : le rayonnement économique des villes africaines » qui apporte un regard nouveau sur les économies urbaines africaines.
Malgré 500 millions d’habitants supplémentaires en trente ans, les villes africaines offrent une meilleure éducation, de meilleurs emplois. Lesquels ont tendance à exiger des compétences plus élevées et sont mieux rémunérés que dans les zones rurales.
Les taux de fécondité dans les grandes villes sont inférieurs de 37% à ceux des zones rurales. Moins d’enfants par femme, c’est souvent une meilleure éducation des enfants. Les jeunes des grandes villes reçoivent en moyenne près de cinq ans d’éducation de plus que dans les zones rurales.
Dans les grandes villes, 80% des ménages sont connectés au réseau électrique, contre seulement 20% de ceux en milieu rural. Quelque 7% des ruraux ont accès à l’eau courante, contre 25% des habitants des petites villes et 33% des métropoles.
« L’urbanisation rapide de l’Afrique est une opportunité qui ne se présente qu’une seule fois. Les gouvernements devraient concentrer leurs efforts pour en tirer le meilleur parti. »
Club du Sahel (OCDE) et la Banque africaine de développement (BAD)
Dans le rapport
Les bénéfices de l’urbanisation
Les retombées positives de l’urbanisation se propagent également aux zones rurales. De plus en plus de ménages ruraux vivent à proximité d’une ville et peuvent ainsi y écouler leur production mais aussi bénéficier de ses services et de ses infrastructures.
Des efforts supplémentaires sont cependant nécessaires pour transformer les villes en moteurs de croissance économique durable. « De nombreuses villes africaines ne sont pas bien planifiées, manquent d’infrastructures et offrent des services publics insuffisants, par rapport aux villes d’autres parties du monde », nuance toutefois ce rapport.
« L’urbanisation spontanée ne fera pas disparaître la pauvreté. Il existe et existera de nombreux pauvres dans les villes africaines, même s’ils sont en moyenne moins pauvres que les ruraux. En revanche, une urbanisation raisonnée et gérée est un puissant levier contre la pauvreté », affirme Laurent Bossard, directeur du Club du Sahel et de l’Afrique de l’ouest (OCDE). Une réflexion indispensable alors que la population urbaine de l’Afrique est encore appelée à doubler au cours des 25 prochaines années.
Source : France info