La présidentielle qui se tiendra au Nigeria en février 2019 opposera deux vieux routards de la politique issus du nord du pays : le chef de l’État Muhammadu Buhari, 75 ans, face à l’ancien vice-président et riche homme d’affaires Atiku Abubakar, 71 ans.
au terme d’une primaire sans enjeu puisqu’il était seul en lice.
La compétition fut en revanche serrée au sein du principal parti d’opposition, le Parti démocratique du peuple (PDP), qui a vu s’affronter douze candidats lors de la convention nationale organisée ce week-end dans la ville pétrolière de Port Harcourt, dans le sud-est du Nigeria, a constaté l’AFP.
« Merci de m’avoir choisi. C’est une victoire pour nous tous. La tâche de remettre le Nigeria sur les rails commence maintenant », a déclaré M. Atiku sur son compte Twitter, avant même la proclamation des résultats définitifs.
Plus de 3.000 délégués des 36 États et d’Abuja ont voté pour le candidat de leur choix lors de primaires de deux jours qui ont démarré samedi, le vote ayant duré toute la nuit.
Outre le gouverneur de l’État de Sokoto, Atiku Abubakar avait notamment face à lui le président du Sénat Bukola Saraki (317 voix), et Rabiu Kwankwaso, un ancien gouverneur de l’État de Kano (158 voix).
Sans surprise, le vainqueur de la primaire est issu du nord à majorité musulmane – plus précisément de l’État d’Adamaoua -, selon une règle tacite au Nigeria selon laquelle la présidence doit alterner tous les deux mandats entre un candidat du nord et un candidat du sud. Buhari a déjà effectué un premier mandat.
L’ancien vice-président, qui s’est déjà présenté quatre fois à la présidentielle, est aussi un homme d’affaires qui a amassé une fortune colossale dans l’import-export, le pétrole, l’agriculture ou encore les télécommunications.
Issu d’un milieu modeste, ce musulman polygame, père de 20 enfants a passé une vingtaine d’années aux douanes nigérianes où il a peu à peu grimpé pour en devenir le numéro 2, avant de se tourner vers le secteur privé.
Sa richesse a toujours été ternie par des accusations de corruption ou des scandales de conflits d’intérêts, mais aucun de ses détracteurs n’a réussi à en apporter les preuves ni à le traîner en justice.
Bilan critiqué
Les Nigérians seront appelés aux urnes en février et mars 2019 pour élire un nouveau président, mais aussi leurs gouverneurs et députés.
Le PDP avait été évincé par l’APC de Buhari en 2015, après 16 ans au pouvoir, lors de la première alternance politique au Nigeria depuis le retour à la démocratie en 1999.
Samedi, quelque 7.000 délégués du parti au pouvoir s’étaient également rassemblés à Eagle Square, dans la capitale fédérale Abuja, pour officialiser la nomination du président Buhari, une simple formalité en l’absence d’adversaire.
« C’est avec un profond sens de l’humilité que je me tiens devant vous aujourd’hui pour accepter la désignation de notre parti, le Congrès des progressistes, pour être son candidat », a-t-il déclaré après l’annonce des résultats de la primaire, dans la nuit de samedi à dimanche.
« Il n’y a pas de plus grand honneur que la confiance que vous tous m’accordez en en confirmant ma nomination », a ajouté le président, s’engageant à « poursuivre le bon travail » de son gouvernement.
Mais cet ancien général, qui gouverna une première fois le pays entre 1983 et 1985, est aujourd’hui très critiqué, notamment pour ses politiques économiques et son incapacité à enrayer les violences dans le pays le plus peuplé d’Afrique, avec 180 millions d’habitants.
Son parti, l’APC, a enregistré une vague de défections massives ces derniers mois : plusieurs poids lourds de la politique nigériane lui reprochant son style de gouvernance autocratique ont claqué la porte, à commencer par Atiku Abubakar, qui fut l’un des premiers à rejoindre le PDP fin 2017.
Peu de différence idéologique opposent les deux partis rivaux. Les principaux enjeux se cristalliseront donc autour de l’économie, dans un pays qui peine à sortir d’une grave récession, du chomâge et de l’insécurité.
La lutte contre la corruption sera également au coeur des débats, beaucoup reprochant à Buhari d’avoir mené une chasse aux sorcières davantage destinée à évincer ses opposants qu’à assainir l’administration publique.
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