Moody’s a ausculté la résistance des économies de l’Afrique subsaharienne : pour l’agence de notation, les pays les plus capables de réagir en cas de crise économique sont ceux qui maîtrisent leurs dépenses publiques obligatoires. Rwanda, Cameroun et Côte d’Ivoire tireraient leur épingle du jeu. Namibie, Île Maurice et Afrique du Sud sont les pays les plus fragiles, d’après le même rapport.
Les conflits commerciaux ouverts tout azimut par le Président Trump pesant chaque jour un peu plus sur la croissance mondiale, l’agence de notation Moody’s a essayé d’évaluer quels étaient les pays d’Afrique subsaharienne qui surmonteraient le mieux une crise économique et qui seraient donc capables de continuer à rembourser leurs créanciers. Selon un rapport publié le 15 août, c’est le Rwanda qui semble capable de la meilleure résilience budgétaire face à un coup de chien.
Certes, le niveau d’endettement de l’Afrique subsaharienne a cessé de croître, car l’ensemble des pays de la région a diminué ses dépenses en moyenne de 1,1 point de pourcentage de son produit intérieur brut (PIB) entre 2015 et 2018. Toutefois, l’endettement de la région est nettement plus élevé qu’il y a cinq ans et prive la plupart des gouvernements de la possibilité de soutenir l’activité économique en cas de crise, notamment en cas de chute des prix des matières premières qui sont les grandes pourvoyeuses de devises de l’Afrique subsaharienne.
En cas de fort ralentissement de l’économie mondiale, quels sont les pays dont les budgets résisteraient au choc ? Ceux qui seraient capables d’une plus grande flexibilité en taillant très vite dans leurs dépenses. En effet, explique David Rogovic, vice-président de Moody’s et co-auteur de l’étude, « une réduction des dépenses est souvent moins complexe à mettre rapidement en œuvre que des mesures destinées à augmenter les recettes budgétaires ».
Couper dans les dépenses d’investissements
Comme la baisse des dépenses obligatoires (salaires de la fonction publique et subventions, par exemple) est politiquement très délicate, ce sont les coupes claires dans les dépenses d’investissement qui sont les plus efficaces pour redresser les comptes publics, comme le montre le cas de l’Angola.
Pour faire face à l’effondrement des cours du pétrole en 2014, ce pays a taillé dans ses dépenses d’investissement l’équivalent de 22 % de son PIB entre 2014 et 2016. Cette réduction des investissements suscite moins de protestations puisqu’elle ne touche pas au quotidien des populations, mais elle pénalise le développement à long terme en ce qu’elle retarde l’équipement du pays en infrastructures de base.
En raison de la structure de leurs dépenses, les pays les plus résilients parce que les plus capables de les réduire en cas de graves déséquilibres budgétaires sont le Rwanda, puis le Cameroun et la Côte d’Ivoire, « qui montrent une capacité à réduire leurs dépenses, mais aussi une volonté gouvernementale d’appliquer cette politique ».
Les pays les plus rigides parce que leurs dépenses obligatoires excèdent 80 % de leurs dépenses totales et donc les plus exposés en cas de retournement conjoncturel sont par ordre croissant le Ghana, l’Afrique du Sud, Maurice et la Namibie. L’étude estime que pour l’Afrique du Sud et Maurice, « la structure favorable de leur dette (longue maturité et petite proportion libellée en devises étrangères) compense le risque crédit immédiat provoqué par des dépenses rigides ».