« Surmontons ensemble des défis planétaires de toutes sortes, a exhorté Xi Jinping, lors de son discours d’ouverture du XXe Congrès du Parti communiste. La Chine poursuit depuis toujours une politique extérieure ayant pour but la préservation de la paix mondiale et la promotion du développement commun. »
Des éléments de langage assez classique repris régulièrement par la diplomatie chinoise dans les enceintes multilatérales où la Chine a renforcé sa présence ces dernières années.
Ses représentants dirigent actuellement quatre agences onusiennes : l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) et l’Union internationale des télécommunications (UIT). L’Union africaine plaide auprès de son partenaire chinois pour qu’elle fasse en sorte de renforcer l’influence africaine dans les grandes enceintes de discussion mondiale.
Les résultats du XXe Congrès seront aussi scrutés à la loupe, avec leurs effets potentiels sur le plan bilatéral. Nombre d’analystes africains s’interrogent sur la continuité des engagements chinois à l’heure de la politique de « zéro Covid », qui a amené Pékin a recentré ses investissements sur le plan intérieur. Selon le FMI, cette politique devrait reléguer la croissance de la Chine (3,2 % attendus en 2022) derrière le reste de la région Asie-Pacifique pour la première fois en plus de trente ans.
Alternative. Depuis les années 2000, la Chine est devenue une alternative aux bailleurs de fonds et aux partenaires commerciaux occidentaux de l’Afrique. Elle représente 12 % du commerce mondial et 35 % des échanges avec l’Afrique en 2021. Près de 4 000 entreprises chinoises opèrent en Afrique et plus de 10 000 si l’on inclut les petites entreprises privées de droit local africain.
Les dirigeants africains louent, assez globalement, les investissements chinois dans les infrastructures comme le rail reliant Mombassa à Nairobi, le pont Foundiougne au Sénégal ou encore l’hôpital de référence de Niamey. Toutefois, ces prêts suscitent de nombreuses controverses, notamment sur le réendettement à l’égard de la Chine. D’autres soulignent l’asymétrie des échanges (254 milliards de dollars l’an dernier ) en faveur de la Chine.
Pékin ne participe encore que faiblement à l’industrialisation du continent. « En 2019, le montant de l’investissement direct chinois en Afrique a été de 2,7 milliards de dollars, ce qui représente à peu près la valeur de la participation de Dong Feng dans PSA », souligne le sinologue Thierry Pairault, dans une étude récente de l’Institut français des relations internationales (Ifri) sur les influences chinoises en Afrique.
Dans The Diplomat, la chercheuse des relations sino-africaines pour le cabinet Development Reimagined, Judith Mwaï, attend davantage de Pékin pour un rééquilibrage des échanges. Elle souligne aussi que la politique zéro Covid n’a pas permis d’atteindre l’objectif d’accueil de 100 000 étudiants par an en Chine. Et plaide pour une plus grande ouverture et un allégement des procédures sanitaires afin de favoriser le tourisme et la venue des hommes d’affaires du continent africain. « Des chaînes d’approvisionnement plus ouvertes et prévisibles, une demande accrue de produits africains et davantage de flux de personnes dans les deux sens augmenteront non seulement les revenus, mais tiendront également l’inflation à distance, ce qui est essentiel pour une politique monétaire stable dans les pays africains », justifie la chercheuse.