Les 17 et 18 janvier, la capitale togolaise réunira plusieurs chefs d’Etat africains, à l’occasion d’un Sommet de haut niveau dédié à la lutte contre le trafic de médicaments non conformes aux normes et falsifiés. Cette économie informelle génère à ce jour près de 200 milliards de dollars, selon l’Organisation mondiale de la santé et alimente les réseaux de crime organisé sur le continent.
Le président du Togo, Faure Gnassingbé, recevra dans la capitale togolaise les chefs d’Etat Nana Akufo-Addo (Ghana), Adama Barrow (Gambie), Macky Sall (Sénégal), Mahamadou Issoufou (Niger), Yoweri Museveni (Ouganda) et Denis Sassou-Nguesso (Congo) afin d’adopter une déclaration politique commune et de signer un accord-cadre légalement contraignant, sur la criminalisation du trafic de produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés, dans le cadre de l’Initiative de Lomé.
«La circulation massive de faux médicaments est une crise de santé publique que nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer […] Ce trafic abject génère d’énormes profits pour les organisations criminelles», selon Jean-Yves Ollivier, président de la Fondation Brazzaville.
En charge du développement de l’Initiative de Lomé, l’organisation indépendante à but non lucratif (soutenue par le président Sassou Nguesso avec un siège basé à Londres), a réalisé un audit exhaustif sur les législations préexistantes afin d’impulser de nouvelles réglementations et d’inciter les Etats africains à s’orienter vers une harmonisation des procédures sur le continent, où il reste possible de se procurer tous types de médicaments au détail, sur les étals des marchés comme dans les kiosques de rue.
Pendant 48 heures, le Sommet de Lomé réunira 400 participants parmi lesquels, des experts de la santé, des représentants politiques de haut vol, mais également de nombreuses personnalités à l’instar du Prince Michael de Kent, de Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de Cécilia Attias ou encore de Jean-Louis Bruguière, ancien magistrat français, spécialiste de la lutte anti-terroriste.
Il faut dire que le trafic de faux médicaments rapporte des marges colossales aux trafiquants et serait devenu une source de revenus substantielle pour les mouvances terroristes sur le continent.
Plus rentable que le trafic de cannabis
Les experts estiment que pour 1 000 dollars investis, 500 000 dollars de profit sont générés, ce qui rendrait les faux médicaments plus rentables que le cannabis d’après les conclusions du Forum économique mondial.
Les organisations de crime organisé profitent des écueils réglementaires dans de nombreux pays, qui cantonnent encore ce trafic au simple délit de violation de la propriété intellectuelle, pour faire fructifier un business florissant. La valeur du marché illégal des médicaments non conformes aux normes et falsifiés, représenterait de 10 à 15 % du marché pharmaceutique mondial et atteindrait quelque 200 milliards de dollars selon l’OMS qui estime par ailleurs que 20 % à 30 % des produits médicaux seraient de faux médicaments. Cette manne financière alimente les réseaux de criminalité et de terrorisme au prix de la santé des populations les plus vulnérables.
Parmi les 128 pays affectés par ce trafic, l’Afrique concentrerait près de 42 % de l’ensemble des médicaments falsifiés découverts depuis 2013, selon l’OMS.
Entre législation et renforcement des capacités des services douaniers et des organes de répression, la lutte contre le trafic illicite de faux médicaments implique une réponse coordonnée aux niveaux national, régional, mais aussi international. Le défi protéiforme de la lutte contre le trafic de médicament sera donc abordé les 17 et 18 janvier dans le cadre de cette rencontre intitulée « Fake Drugs, Real Crime » à Lomé, qui deviendra pour l’occasion, la capitale africaine de la lutte contre un phénomène qui tue près de 100 000 personnes par an dans la zone subsaharienne, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Koné Kam