L’épidémie a resurgi à l’Est de la République Démocratique Congo et menace ses voisins (Ouganda, Soudan, Centrafrique, Rwanda) qui prennent des mesures pour atténuer le risque de propagation.
Un an après la réapparition d’Ebola à l’Est de la République Démocratique du Congo, les autorités sanitaires ne parviennent toujours pas à circonscrire l’épidémie. Au cours des six dernières semaines, une moyenne de 85 cas a été signalée par semaine dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) emploie plus de 600 personnes sur le terrain, appuyant les interventions du gouvernement aux côtés de partenaires nationaux et internationaux. Plus de 150 000 personnes ont déjà été vaccinées dans la région. Sans arrêter, pour autant, la propagation de la maladie.
« La RD Congo est confrontée à la deuxième plus grande épidémie d’Ebola jamais enregistrée, avec plus de 1 800 vies perdues et 2 600 infections confirmées depuis la déclaration du 1er août 2018 », explique l’OMS. L’épidémie est particulièrement virulente. Huit cent dix survivants et patients sont toujours pris en charge dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
En plus de la ville de Béni, le virus a été rediagnostiqué à Mangina, foyer originel, Butembo, porte d’entrée vers l’Ouganda, Katwa… Et aujourd’hui à Goma, ville carrefour d’un million d’habitants sur la route du Rwanda et du Burundi. Il menace les pays frontaliers. Deux cas d’Ebola ont été déjà déclarés en Ouganda.
Les théories les plus conspirationnistes circulent et les villageois ne veulent pas modifier leurs pratiques, notamment dans les cérémonies mortuaires où on lave et touche les corps
Résistance des populations. La lutte contre l’épidémie se heurte régulièrement à la résistance des habitants dans les provinces du Nord-Kivu et en Ituri voisine. Dans ces régions peuplées, la population est très mobile. Elle est aussi défiante vis-à-vis de la maladie et des personnels soignants. Les théories les plus conspirationnistes circulent (maladie des blancs…) et les villageois ne veulent pas modifier leurs pratiques, notamment dans les cérémonies mortuaires où on lave et touche les corps. La région est aussi en rébellion contre le pouvoir central qui n’y a pas organisé le vote de la présidentielle, officiellement pour « cause d’Ebola ».
Les interventions dans ces provinces sont difficiles. Le personnel de santé doit emprunter des hélicoptères ou passer par des routes difficiles dans une zone en proie aux conflits. De nombreuses milices et groupes armés comme les FDLR, les Maï-Maï et les ADF Nalu y sévissent.
L’OMS, qui coordonne la structure Riposte de coordination de la lutte contre Ebola, venant en aide à des autorités congolaises dépassées, a décrété, le 16 juillet, l’état d’urgence sanitaire mondiale. « Il est temps que le monde entier prenne note de la situation et redouble d’efforts », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, son directeur général.
Deux doses d’un nouveau vaccin sont inoculées aux patients afin d’améliorer la réponse immunitaire, notamment envers d’autres souches du virus
Face à la progression de l’épidémie à leurs frontières, les pays voisins prennent des mesures pour atténuer le risque de propagation. A Bangui, en Centrafrique, les autorités se mobilisent depuis la déclaration de l’état d’urgence. Les partenaires internationaux ont été sollicités pour renforcer la prévention dans un pays où le système sanitaire est défaillant.
Essai vaccinal. Le Rwanda est aussi très mobilisé. La ministre de la Santé, Diane Gashumba, a invité le 6 août son homologue congolais, Pierre Kangudia, a effectué une visite officielle à Rubavu. Objectif : renforcer la coopération transfrontalière. Les deux ministres se sont engagés à mettre en place un cadre de concertation transfrontalière établissant des mécanismes communs de prévention et de gestion des cas de la maladie à virus Ebola (MVE) incluant la surveillance, le partage des informations, la vaccination ainsi que la prise en charge des patients.
En Ouganda, le ministère de la Santé a lancé de nouvelles études. La semaine dernière, des chercheurs d’Epicentre, de l’Ouganda Virus Research Institute, de l’Université des sciences et technologies de Mbarara et de la London School of Tropical Medicine and Hygiene ont débuté un nouvel essai vaccinal. Deux doses d’un nouveau vaccin, fabriqué par Janssen Vaccines and Prevention, sont inoculées aux patients afin d’améliorer la réponse immunitaire, notamment envers d’autres souches du virus.
La RDC est principalement touchée par les souches Ebola Zaïre. L’Ouganda et le Soudan ont aussi été exposés à …