Le tout jeune attaquant, né en Guinée-Bissau, a su profiter de l’absence de Lionel Messi, blessé, pour montrer qu’il pouvait incarner la relève des « Blaugrana ».
C’est un « prédateur ». Parole d’expert. Victor Valdes, son entraîneur chez les jeunes du FC Barcelone – et qui est un ancien gardien –, a prévenu les défenses adverses que cet ado allait les tourmenter. Il aura fallu une poignée de matchs à ce garçon pour commencer à les malmener. Insaisissable, rapide et audacieux, à bientôt 17 ans, le footballeur Anssumane Fati vient de gagner sa place dans la prestigieuse équipe professionnelle du Barça, aux côtés de Lionel Messi, Luis Suarez, Antoine Griezmann, Frenkie de Jong et Ousmane Dembélé. « De quelle planète viens-tu ? », s’est même interrogé en une le quotidien espagnol Sport.
Le monde a découvert, fin août, la bouille imberbe d’« Ansu », ses dribbles insolents, son aisance technique et ses passes éclairées. A peine la pelouse du Camp Nou foulée que la pépite a enchaîné les records : avec ses deux buts et une passe décisive en cinq rencontres de championnat, ainsi qu’une titularisation en Ligue des champions le 17 septembre, il est devenu le plus jeune joueur à marquer pour le Barça depuis 1941 et le plus jeune jamais aligné en coupe d’Europe de l’histoire du club. Dimanche 6 octobre, il devait faire sa sixième apparition en Liga, à 21 heures contre Séville. Le prodige a su profiter de l’absence du maître de l’équipe, Lionel Messi, blessé, pour montrer qu’il pouvait incarner la relève des « Blaugrana ».
Des débuts « ébouriffants »
Ansu Fati est né en 2002 à Bissau, capitale de la Guinée-Bissau, et a rejoint à l’âge de 6 ans son père en Europe, où cet ancien modeste footballeur enchaînait les petits boulots, au Portugal puis dans le sud de l’Espagne. C’est en Andalousie que le petit Ansu va taper ses premiers ballons, à Herrera puis au FC Séville. A 10 ans, il est repéré par le Barça et intègre – comme ses deux frères – La Masia, le prestigieux centre de formation du club catalan, antichambre de l’équipe professionnelle qui a vu naître des talents tels que Lionel Messi – encore lui – ou Andres Iniesta. « Il est totalement déroutant quand il joue. Il faut absolument donner de la liberté à un tel talent, ne pas le cacher, il doit faire ce qui est naturel pour lui. Il est le joyau de La Masia », a expliqué Victor Valdes.
Les dirigeants du FC Barcelone l’ont bien compris. En contrat jusqu’en 2022 (signé cet été), ils cherchent déjà à tout prix à le reprolonger – pour ne pas dire « sécuriser » –, avec à la clé un salaire annuel évolutif qui peut atteindre sept chiffres. Pas question de le laisser filer chez un concurrent comme le Real Madrid. En quelques semaines, Ansu Fati n’a pas seulement gagné des dizaines de milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux ; sa valeur de transfert s’envole, au point d’être estimée entre 10 et 15 millions d’euros, selon l’observatoire du football du Centre international d’étude du sport (CIES), à Neuchâtel (Suisse).
Les sélections nationales rêvent aussi de s’arracher le nouveau phénomène, à commencer par la Roja, entraînée par Robert Moreno. Ainsi, le jeune attaquant bissau-guinéen a reçu, le 20 septembre, ses papiers espagnols, a annoncé le gouvernement. Du coup, Robert Moreno n’a pas tardé à le présélectionner, qualifiant ses débuts d’« ébouriffants ». De son côté, la fédération de Guinée-Bissau a fait savoir que la toute nouvelle double nationalité du jeune joueur « ne constitue pas un problème », espérant qu’il finisse par choisir de défendre les couleurs de son pays natal, qui n’a jamais disputé une phase finale de Coupe du monde et compte seulement deux participations en Coupe d’Afrique des nations (2017 et 2019).
Il a fait oublier Neymar
Quoi qu’il en soit, l’éclosion d’Ansu Fati a fait oublier le retour avorté de la star planétaire brésilienne Neymar, qui avait souhaité, cet été, revêtir le maillot bleu et grenat. Avec ce minot, les « culés » (les supporteurs du Barça) ont de quoi vibrer pour de longues années encore. « Il a un niveau de jeu impressionnant et les conditions pour réussir », a assuré Lionel Messi à la FIFA lors de la remise de son trophée de meilleur joueur de l’année, le 23 septembre : « Et j’essaie de l’aider et de l’accompagner. »
Tout comme lui, l’entraîneur du FC Barcelone, Ernesto Valverde, dépeint « un garçon équilibré », « à l’aise », mais souhaite toutefois « qu’il apprenne à se connaître, à connaître la première division, qu’il voie que c’est difficile et assimile la charge de travail, le stress ».
Ce que confirme Lionel Messi : « Quand je le regarde, j’aimerais qu’on le considère comme on l’a fait avec moi quand j’ai commencé, c’est-à-dire avec calme, sans mettre la pression. Il ne faut pas oublier pas qu’il n’a que 16 ans. J’espère qu’il va continuer à prendre du plaisir et que toute l’euphorie qu’il peut y avoir autour de lui ne lui fera pas de mal, car il a toutes les qualités pour devenir un très grand. »