- Un poste de contrôle attaqué. les services et commerces fermés, plusieurs blessés et des individus interpelés
- Le correspondant de l’inter interpelé puis relâché
Il est 22h, ce lundi nuit lorsque nous sommes alerté par un coup de fil. Selon notre interlocuteur, le poste de contrôle de forces armées de côte d’ivoire (FACI) situé à Béoué Zibiao (axe Bangolo-Kouibly) aurait été attaqué par des individus faisant un (1) mort. Information confirmé par un agent que nous avons joint au téléphone. Le lendemain du mardi, il est 09h lorsque notre équipe reportage arrive sur les lieux, situé à 17 km du chef-lieu de département. Le constat est visible. C’est une population consternée, en colère que nous trouvons sur les lieux. Nous sommes accueillis par une immense foule au poste de contrôle réduit en cendre par les flammes. Béoué un est chef-lieu de sous-préfecture et une ville carrefour.
Selon les témoignages recueillis sur place, dans la nuit du lundi au mardi, les hommes en tenue après avoir assuré le service décident de passer à table pour le dîner. Avec eux quelques civils qui les aident dans leur tâche. L’on notait aussi la présence de conducteurs de moto taxi dont les pièces auraient été bloquées. Alors qu’ils partageaient copieusement le repas, deux individus non identifiés, à moto en provenance de l’axe Diaplean-Béoué font irruption. Aussitôt, les visiteurs ouvrent le feu. Les forces de l’ordre abandonnent les besoins de l’estomac et passent à la réplique. Il s’en suit alors des échanges de tirs pendant une vingtaine de minutes. C’est la débandade. Les populations courent dans tous les sens pour se mettre à l’abri. Une scène folle dans une cité jadis paisible. Un civil, conducteur de moto taxi bloqué au poste pour faute de pièce répondant au nom de Zaho Éphrem originaire du village Glodé est touché à la jambe par les balles assassines pendant les échanges. Devant l’intensité de l’attaque les hommes tenue replis dans le village vers l’axe menant à Gloplou. Les visiteurs indésirables disparus alors dans la nature. Un silence de cimetière alors règne dans la cité.
Après plus d’une quarantaine de minutes calme, un jeune nommé Bah Gnahé Franck, conducteur de moto taxi, originaire de Diéouzon qui regagnait son village décide d’éviter le corridor, scène d’une attaque quelques instant auparavant. Il passe avec sa moto dans le village. Il est alors interpelé par les hommes en tenue qui avaient replié lors des combats. Le jeune homme refuse de s’arrêter. Après son refus, croyant avoir affaire aux mêmes braqueurs, le jeune homme est abattu systématiquement sans sommation par un agent de la gendarmerie par deux coups de feu. Il tomba de la moto et mourut sur le champ. Après ce forfait, l’agent de la gendarmerie alerte sa hiérarchie. Un renfort est envoyé sur les lieux pour sécuriser la ville ainsi que la pompe funèbre pour transporter le corps de Bah Franck. Aux dires des témoins, Franck se serait retrouvé au mauvais endroit à un mauvais moment.
Le lendemain, mardi, après avoir reçu l’information de la mort de l’un des leurs, la tension est montée d’un cran chez tous les ressortissants de Diéouzon ainsi que de la population de Bangolo en général. En riposte, les jeunes décident de mettre le feu au poste de contrôle de Douékpé et celui à l’entrée de Bangolo.
Dès 10h, la gendarmerie est envahie par des jeunes venus de divers horizons. Ils veulent comprendre les circonstances de la mort de Bah Franck. Devant l’immensité de la foule et en vue d’éviter tout débordement, des renforts sont venus de Duekoué et de Man prêter main forte à la brigade de gendarmerie. Pour ne pas connaître le même sort que les villes de Blolekin et M’bahiakro (dont les brigades ont été incendiés), les forces de l’ordre procèdent par des tirs à balles réelles et de gaz lacrymogène pour disperser la foule. Les jeunes quant à eux répondaient par des jets de pierres. Le bruit des armes envahissent la ville. La population est terrée dans les maisons. Les plus peureux ont rejoint la broussent.
Une véritable scène de guerre qui rappelle les années 2011. Des leaders de jeunesse qui tentaient calmer la population ont été violentés par les hommes en arme. Les services de la mairie ont essuyé des tirs de gaz lacrymogène obligent les agents à arrêter le service. Le moindre attroupement est interdit dans la ville. Un zèle jugé de trop par les populations. Les commerces, les services et les écoles sont restés fermer toute la journée. Les échanges ont durés jusqu’à 16h 30. Plusieurs individus dont notre équipe de reportage ont été interpelés puis relâché.
Les parents de la victime, après des échanges avec le secrétaire général de la préfecture et les autorités coutumières ont regagnés le village.
Une enquête est ouverte pour faire la lumière sur cette énième affaire. Pour rappel, c’est la deuxième fois que ce poste de contrôle est victime d’attaque de la part des bandits.
Emmanuel Goun correspondant régional