Par-dessus les bisbilles du Front populaire ivoirien (FPI), principal parti de l’opposition ivoirienne, Mamadou Koulibaly demeure le seul opposant susceptible de converger les différentes divergences dans la perspective de l’alternance en 2020.
Par la critique constructive, Mamadou Koulibaly surplante l’opposition ivoirienne avec sa hauteur d’esprit et ses positions sur des sujets relatifs aux tristes réalités sociales en Côte d’Ivoire. Pouvoir d’achat, chômage, emploi, Franc CFA, endettement, prisonniers politiques…ses positions ne s’embarrassent pas de fioritures. A la faveur de sa lucarne dénommée ‘‘Jeudi, c’est Koulibaly’’, le fondateur de Liberté et démocratie pour la République (Lider) tient la dragée haute aux actuels occupants du palais présidentiel. Républicain et citoyen, il exhorte les Ivoiriens à se faire enrôler sur la liste électorale en dépit des manœuvres dilatoires du pouvoir Ouattara de n’accorder qu’une semaine à cette opération. Depuis l’Allemagne oû il était en visite, ‘‘Mamkool’’ comme l’appellent ses militants n’avait pas hésité à se prononcer sur l’assassinat du petit ‘Bouba’’ qui avait cristallisé la société ivoirienne.
Les rancoeurs suite au départ du FPI
Nombreux sont les militants au FPI qui n’ont point fait leur deuil du départ de l’ex-numéro 2 de Gbagbo à un moment oû le parti tanguait. Pour ces détecteurs patentés des traites, Mamadou Koulibaly en est un qui n’a plus droit de citer. Fort heureusement, ces radicaux s’embourbent eux-mêmes dans leur vaine spéculation. Quitte à qualifier par moment Blé Goudé de traite. D’autres moins radicaux reconnaissent que Koulibaly a fait moins de mal au FPI que Pascal Affi N’guessan. Mis en infériorité numérique pour ses reformes, Mamadou Koulibaly a préféré se retirer et partir de zéro. Le résultat est probant. Sa formation politique, Lider, brille par ses critiques constructives, ses propositions pour une Côte d’Ivoire nouvelle. Loin d’être le cas pour son successeur Affi N’guessan qui n’a pas voulu se conformer aux décisions de l’organe de décision du parti. La suite est connue avec le bicéphalisme à la tête du FPI entre tendance Affi et tendance Sangaré qui ne font que le lit de Ouattara. Pour sa part, Mamadou Koulibaly est toujours adulé au FPI. L’ex-président du Parlement ivoirien bat quiconque à l’applaudimètre lors des meetings des coalitions successives de l’opposition. «Retour ! Retour ! », scandent les militants du FPI qui espèrent toujours son retour au bercail. Ce n’est un secret pour personne. A l’occasion des meetings des coalitions de l’opposition, Mamadou Koulibaly passait en dernière position tant ses interventions étaient pertinentes, lucides et rencontraient l’adhésion totale des militants. Sa rencontre, lundi 22 janvier 2018, avec l’ex-president ivoirien, Laurent Gbagbo, à la prison de Scheveningen, à la Haye laisse entendre que la hache de guerre est définitivement enterrée entre son frère et lui.
Celui qui a claqué la porte à Marcoussis
Le courage politique et les vertus de la démocratie dont la transparence dans la gestion des affaires de l’Etat ont toujours caractérisé Mamadou Koulibaly. «Pierre Mazeaud était en train de faire un coup d’Etat constitutionnel. Ce que les rebelles n’ont pas réussi à faire militairement, il le fait à Marcoussis. Au lieu de rappeler les procédures constitutionnelles, de condamner l’usage des armes, M. Mazeaud a renversé le problème : ce ne sont plus les rebelles, c’est le peuple de Côte d’Ivoire qui se retrouve à la barre des accusés. Il fait pression pour que nous changions nos textes pour plaire aux rebelles. Moi je ne pouvais accepter cela», dixit Mamadou Koulibaly, mercredi 22 janvier 2003 sur Rfi. Il a eu tort d’avoir raison trop tôt car l’histoire a donné raison à celui que certains qualifiait de radical, voire rebelle au FPI. Le coup d’Etat de la France en Côte d’Ivoire sera consommé 8 ans plus tard avec son entrée en guerre contre Gbagbo au profit de la rébellion. Koulibaly, c’est également celui qui n’avait pas choisi de se taire pour laisser faire le favoritisme lors des concours de la Fonction publique. Engagé dans une moralisation de la vie publique en juin 2010, Koulibaly n’avait pas hésité à dénoncer Désiré Tagro, ministre de l’intérieur, l’accusant de favoritisme au concours d’entrée à l’école de Police. Une décennie plus tard, Mamadou Koulibaly reste le même démocrate. La roue semble avoir tourné. L’opposition ivoirienne s’allignera à coup sûr derrière le Maître pour ‘‘dégager Ouattara en 2020’’.
Cyrille NAHIN