Il ne se passe plus d’une semaine en Côte d’Ivoire sans une opération de charme de Guillaume Soro largement reprise par les réseaux sociaux par le biais de la télévision numérique du président du Parlement ivoirien. Une communication savamment orchestrée pour soigner l’image du politique en vue de ratisser large dans la perspective de la présidentielle 2020.
La dernière en date, Guillaume Soro s’est érigé en maître de chœur, dimanche 1er avril 2018 à l’église Sainte Thérèse de Marcory à la faveur de la célébration de la Pâques. Bien entendu, dans le contexte africain, une campagne, fut-elle, officieuse, serait vaine sans les espèces sonnantes et trébuchantes. Et Guillaume Soro le sait bien. Le PAN a offert 200 000 Frs Cfa pour la rénovation de l’église, 1 million Frs Cfa au curé de la paroisse, 300 000 Frs Cfa au Conseil paroissial et 200 000 Frs Cfa à la chorale du jour. Non sans offrir à boire et à manger à tous les paroissiens. Le tout sous les projecteurs des cameras de la télévision numérique du PAN. Difficile de savoir si ces fonds émanent des poches du président de l’Assemblée nationale ou de l’institution.
Le pardon et la réconciliation comme axe de communication politique
Le pardon en vue de la réconciliation nationale. Telle est la stratégie eprise d’émotions pour le probable candidat afin de se positionner comme le rassembleur. Il réussi l’éssai en mettant dans sa bésace, mardi 27 mars 2018, Tiane, compagne de l’artiste musicien et arrangeur Marcelin Yacé, tombé, le 19 septembre 2002, sous les balles assassines de la rebellion armée de Soro alors qu’il revenait de son studio. « Je veux demander pardon aux Ivoiriens pour tout ce que j’ai pu faire (…) à ce peuple qui a tant souffert. La Côte d’Ivoire a plus que besoin de pardon et de réconciliation. Ça été un événement qui a attristé toute la Côte d’Ivoire. Je te demande de t’armer de courage et (…) surtout de pardonner. Que ta fille Belinda trouve les ressources en elle-même pour surmonter ça et continuer à vivre pour la Côte d’Ivoire. », a-t-il fait savoir à l’artiste Tiane à sa résidence sise à Marcory.
Soro crée l’émeute
La fafaronnade se poursuit chaque semaine lorsque Guillaume Soro jette le pavé dans la marre, mercredi 10 janvier 2018. En route pour Niablé, le président de l’Assemblée nationale fait escale à Akoupé, dans la région de la Mé dans un espace de restauration sis au gand carrefour de la ville. L’opération de charme tient toutes ses promesses en créant l’émeute. La nouvelle étant répandue dans la ville telle une traînée de poudre. Pour atteindre la cible, les Ivoiriens dans leur majorité, la chaîne numérique de Soro n’a pas manqué de faire une large diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux. Vidéo partagée par les cyberactivistes recrutés et mis en mission par le PAN.
Difficile d’effacer le passé de chef rebelle
Soro aura beau multiplier les opérations de charme, son passé de chef rebelle lui colle à la peau. D’autant que les nombreux crimes de sang et génocides perpetrés à Duékoué (Ouest de la Côte d’Ivoire) sont amputés à ses troupes et lui. La rebellion dont il était le chef a endeuillé des milliers de familles. Des gendarmes ont été égorgés. Des citoyens sont à ce jours spoliés de leurs biens (maisons, voitures…). D’autres ont été enfermés dans des conteneurs et sont morts par ettouffement. Les victimes des génocides de Carrefour (1000 morts le 29 mars 2011), Guitrouzon, Nahibly… crient justice. Par ailleurs, une plainte de Michel Gbagbo, fils de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, plane telle une épée de Damoclès sur la tête de Soro et de ses chefs de guerre pour enlèvement, séquestration, tortures et autres traitements dégradants. Enfin, Soro est également sous le coup de la Justice burkinabé en raison de son implication dans le coup d’Etat de Dienderé du 17 septembre 2015. La Cour pénale internationale (CPI) n’est pas loin. Ainsi, pour nombre d’Ivoiriens, Guillaume Soro n’est rien d’autre qu’un faquin qui n’a gravi ces différents échélon que par le sang des Ivoiriens. Son projet n’est qu’une vaste fumisterie qui ne conduira qu’à sa perte. Pour d’autres, il faut donner une seconde chance au fils égaré qui fait amende honorable. Difficile de cerner de ces multiples facettes, le véritable visage de Guillaume Soro.
Cyrille NAHIN