Depuis vendredi, les dirigeants du continent réagissent à la disparition de l’ancien président français.
« Le président Chirac m’a sauvé la vie après le complot qui a abouti au coup d’Etat militaire en 1999 », a témoigné l’ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié sur RFI, à l’annonce du décès de Jacques Chirac. Vendredi matin, la presse ivoirienne se faisait l’écho des différentes réactions des hommes politiques du pays. Alassane Ouattara a aussi salué la mémoire d’un « grand ami de la Côte d’Ivoire » et du père de la nation ivoirienne, Félix Houphouët-Boigny, tête de pont du système de la Françafrique avec Hassan II.
Guillaume Soro, l’ancien rebelle ivoirien parvenu à plusieurs postes à responsabilité à la faveur des accords de Linas Marcoussis, lui a aussi rendu hommage. Il a eu l’occasion de rencontrer le Président français en 2003, lors de la signature de ces accords. Anciens alliés d’Alassane Ouattara, Bédié et Soro sont aujourd’hui des opposants au pouvoir. Une rivalité qui se lie jusque dans les hommages des Ivoiriens, les plus anti-chiraquiens étant les partisans de Laurent Gbagbo. Ils n’ont pas hésité à rappeler, à l’annonce de son décès, les tirs de l’armée française contre les manifestants en novembre 2004, à Abidjan.
Jacques Chirac entretenait une relation personnelle, voire intime, avec plusieurs chefs d’Etat dont certains l’ont connu enfant. Le roi du Maroc Mohammed VI a invoqué la mémoire d’un « grand homme d’Etat » rencontré avec son père Hassan dès le plus jeune âge. C’est aussi le cas d’Ali Bongo (Gabon) avec son père Omar Bongo, autre pilier de la Françafrique. Celui qui a lancé sa campagne politique en Corrèze faisait figure auprès d’eux de père spirituel, toujours bienveillant. D’autres dirigeants comme Alpha Condé (Guinée) ont parlé « d’ami de l’Afrique ».
Emu et triste, Denis Sassou Nguesso (République du Congo) a évoqué la forte personnalité du français durant la cohabitation Mitterrand-Chirac. Le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh a pleuré la disparition d’un « ami de Djibouti ». Et son homologue malgache, Andry Rajoelina, a loué l’œuvre d’un homme qui a « œuvré » pour des relations prospères entre les deux pays. Pour Jacques Chirac, qui attachait moins d’attention aux droits de l’homme et à la démocratie, un bon président africain était surtout un chef d’Etat fidèle à la France. Et aussi au RPR. Il n’a pas échappé aux accusations de financement frauduleux de ses campagnes politiques venu d’Afrique, notamment du Gabon.
Jacques Chirac était proche du Ghanéen Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies. Rompant avec les pratiques de ses prédécesseurs, il a tenu à faire avaliser les interventions françaises en Afrique par l’ONU. Et s’est aussi servi des organisations internationales pour son engagement pour l’environnement et la lutte contre le sida. Un héritage qu’Emmanuel Macron continue à faire fructifier, du G7 à Biarritz à la prochaine conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, le 10 octobre à Lyon.
Dans l’agenda international, le Président décédé a souvent plaidé la cause de l’Afrique et a imposé la présence de dirigeants africains à partir du sommet d’Evian du G8 de juin 2003. En dehors du pré carré, Jacques Chirac avait cherché à nouer des relations privilégiées avec les dirigeants d’Afrique du Sud et du Nigeria, d’Angola et du Mozambique. Ils s’étaient rendus dans tous ces pays.